Chronique film : Les Noces Rebelles

de Sam Mendes.


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Ils étaient jeunes, beaux, et tombés fous d’amour sur le Titanic. Dix ans plus tard, mariés, deux enfants, April et Franck vivent dans une jolie maison entourée d’herbe bien verte dans une jolie banlieue new-yorkaise. Il bosse dans un open-space, elle tente de jouer à la bonne épouse. Mais le vernis craque, elle ne réussit pas à renoncer à leurs anciens projets, et le convainc de tout laisser tomber pour partir vivre à Paris.

Les Noces Rebelles est un beau film qui vaut bien mieux que l’horrible traduction de son très beau titre « Revolutionnary Road« . Parce que c’est bien de ça dont il s’agit, d’une révolution, ou du moins d’une tentative avortée de révolution. La volonté d’April de briser le moule petit bourgeois dans lequel ils s’enferment tout naturellement est forte, et réussit presque à entraîner son mari. Mais confronté à l’incompréhension de leurs proches, finalement mort de trouille, enfin reconnu dans son boulot qu’il déteste pourtant, la perspective de tout faire péter ne séduit plus Franck tant que ça. Les deux composantes du couple suivent des trajectoires qui ne se croisent plus, l’un suivant le sens de la pente, l’autre essayant de remonter le courant.

Cette histoire d’un couple en perdition est à voir dans un contexte beaucoup plus large que celui de la cellule familiale. C’est une critique d’une société américaine, en pleine ère de prospérité, et qui transforme ses richesses en conformisme, en uniformisation de la pensée, en recherche d’un illusoire sentiment de sécurité.

Le coup de génie de Sam Mendes, c’est bien évidemment le choix de ses deux acteurs, Kate Winslet et Leoardo DiCaprio. Couple mythique du Titanic, ce coup de foudre, cet amour absolu de jeunesse apparaît comme évident aux yeux des spectateurs. Pas besoin de s’attarder donc pour Sam Mendes sur cette partie de l’histoire, une belle utilisation de l’ellipse. Les deux acteurs sont absolument parfaits. Winslet, au delà de l’éloge, en femme incapable de se résigner, n’a jamais été aussi belle, aussi subtile. DiCaprio, dans un rôle beaucoup moins flatteur et beaucoup plus casse-gueule, s’en sort très honorablement, réussissant subtilement à faire passer son personnage de la révolution voulue à la renonciation consentie.

Malheureusement, Sam Mendes n’est pas un très grand metteur en scène. Ça reste un peu trop sage de ce côté là, très classique, empêchant le film de vraiment décoller. Servi par une BO lambda, Les Noces Rebelles reste donc un beau film, mais pas un grand film. Allez, un effort pour tout faire péter, il ne manque pas grand chose. Un bon moment.

4 réflexions au sujet de « Chronique film : Les Noces Rebelles »

  1. Mais oui, l’ellipse ! Je n’avais pas pensé pourquoi l’évidence entre les deux… Et puis la nuance entre révolution voulue et renonciation consentie, c’est exactement ça – ou pourquoi j’aime faire le tour des blogs après avoir vu un film ; collectionner les remarques justes comme les cailloux du petit Poucet. Cela dit, il y a quand même révolution : au sens strict du terme, un tour sur soi-même. Une belle pirouette au final.

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