Chronique film : Dans la brume électrique

de Bertrand Tavernier.


Un bain de fraicheur ? clique sur la lumière.

Petite victoire personnelle : merci M. Tavernier d’avoir relativement réussi votre film, vous m’avez évité une séance d’excuses humiliantes, qui aurait mis à mal ma mauvaise foi. Dans la brume électrique donc, très beau titre que celui-ci, même si Tavernier n’y est pour rien, puisque c’est également le titre du roman de James Lee Burke, dont ce film est l’adaptation. Voilà Tavernier plongé dans les bayous de Louisiane, ses chants cajuns, son temps de merde et ses meurtres glauques. Il a choisi Tommy Lee Jones pour mener l’enquête. Bon choix. Même si l’interprétation de T. L. Jones ne révolutionnera pas sa carrière, il a suffisamment de bouteille, de flegme et de classe pour se presque-hisser à la hauteur du grand Eastwood.

Le film est d’ailleurs par moment assez Eastwoodien , dans ses rythmes, ses tentatives de clair-obscur (pas toujours réussis d’ailleurs), et son héros pas lisse. J’avoue avoir été assez séduite par la première partie du film, très prometteuse, ouvrant un champ des possibles très vaste en ce qui concerne l’enquête principale. On est sur des terrains aussi mouvants que le fond des marais, sans jamais vraiment savoir ce qui est signifiant ou pas. C’est plutôt classe. Malheureusement Tavernier se perd progressivement dans son intrigue et on finit par ne plus comprendre grand chose à tout ça. Mais bast, ça n’est pas bien grave, Dans la brume électrique est un polar très agréable et très honnête qui se regarde avec un bel intérêt.

J’avoue avoir particulièrement apprécié l’intrusion de ces mystérieux soldats, et le flegme avec lequel Tommy Lee Jones les accueille dans sa vie et accepte de leur faire confiance, et pas là même de se faire confiance. En traitant ces soldats comme des personnages lambda du film, sans chercher à les nimber d’un mystère fumeux, Tavernier la joue finement : le spectateur accepte ces personnages comme des éléments du puzzle, ou plutôt un catalyseur permettant la résolution de l’intrigue, et non pas comme le sujet du film. C’est vraiment malin, tout en apportant une certaine profondeur au film : dans ce pays, le passé historique et humain est omniprésent. Pour comprendre cette région, ses habitants et ses mystères, il faut comprendre son passé, la guerre, les cyclones, la culture. C’est ce que fait l’inspecteur, de manière à la fois violent et languide.

Pas électrocutée, mais pas déçue non plus par cette brume qui restera sans doute comme un des meilleurs films de Tavernier.

7 réflexions au sujet de « Chronique film : Dans la brume électrique »

  1. Célèbre

    Livre Peiragada:
    Effectivement il y a bien ton prénom et ton nom parmi d’autres photographes comme Francis Lasfargues, Francis Annet et d’autres; bravo la fille mais le problème c’est qu’on ne sait pas de quelles photos il s’agit, faudra demander à Chava.

  2. I am a star.

    Guy : a priori c’est une photo de Chava durant le spectacle « on n’est pas venus là… ». J’ai essayé de t’envoyer un mail, mais visiblement, il y a un petit souci avec ton adresse mail.

  3. p2p

    Lasiate : Veinard, tu ne tombes pas sous le couperet Hadopi toi

    Boguy : pas vu leur concert commémoratif, mais j’ai vu « on n’est pas venus là… » deux fois. Quand on aime …

  4. C’est bien de celui ci dont je parlais , je l’ai vu au centre culturel à Sarlat… une seule fois mais je serais prêt à les revoir.

  5. Je viens de voir le film, je me rappelais que tu avais écrit quelque chose dessus, donc me revoilà !
    J’ai vraiment bien aimé ce film. Je ne m’attendais pas à un film révolutionnaire. Mais en fait, il l’est à sa façon. Quand tu parles d’Eastwood, je l’ai ressenti. Il y a du ‘Minuit dans le jardin du bien et du mal’, mais en encore plus mystique je trouve. Tavernier a réussi à bâtir un film en faisant en sorte que le spectateur ressente l’histoire de cet état, les mystères qui y planent, le silence des gens, la musique (je suis fan !).
    En résumé, pour moi, c’est un film à l’américaine, mais qui évite les travers du film à l’américaine. Et c’est sans doute dû à la Louisiane qui est de loin l’état le plus compliqué, le plus mystérieux, le plus passionnant des USA.
    Donc chapeau

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