Chronique livre : Impardonnables

de Philippe Djian.


Etouffé par mes modèles, je peinais. Un coucou hululait au loin.
Clique photo.

Pas une grande spécialiste du Sieur Djian (je crois qu’à part Impardonnables, je n’ai lu qu’Echine, provenant du même irremplaçable fournisseur d’ailleurs), donc j’ai un peu de mal à juger en quoi Impardonnables est, comme visiblement il l’est, un livre somme pour son auteur. En fait, j’ai un peu eu la même impression en lisant Impardonnables qu’en lisant Un homme de Philip Roth : on est en face de roman d’hommes vieillissants qui avouent leur impuissance et leur incompréhension face au monde qui les entoure, et qui par conséquent préfèrent s’en écarter, l’un gréographiquement, l’autre via l’écriture.

Là où Impardonnables réussit c’est dans la peinture de ses différents personnages, hommes et femmes imparfaits, incomplets, immatures, impardonnables. Djian décrit bien cette famille comme une somme d’égoïsmes, incapables d’affronter ce qui importe vraiment, et préférant fuir par tous les moyens possibles. Le constat n’est pas gai et empreint d’une amère fatalité. C’est ce qui est beau, mais aussi ce qui gène un peu, cette façon de dire « on foire, mais après tout, on n’y peut rien ». Les protagonistes ont tous plus ou moins déjà abandonné la partie.

Ce qui m’a cependant le plus embêté dans le roman, c’est l’écriture. On sait Djian à la recherche de la phrase juste, de l’importance qu’il souhaite apporter à la manière de dire (voir l’interview assez intéressante ici). Malheureusement, et comme il l’avoue lui-même, trouver la bonne façon de dire les choses ça n’est pas simple, et je suis relativement insensible à sa plume. Clairement, Impardonnables sent la sueur, la rédaction n’a pas dû être simple, et pour débloquer la situation, Djian a souvent recours à des recettes toutes faites. Genre, en plein milieu d’une scène, une référence à la nature. Par exemple (j’invente) : « Je la regardais partir, impuissant. Le vent faisait bruisser les aiguilles de pin. » Ça pourrait être joli si ce n’était pas systématique. A ce point là, on ne peut pas parler de style, mais de course après un style.

J’admire l’intention et la persévérance, Djian a sans nul doute possible les bonnes références et les bons maîtres, mais il a encore quelques années de dur labeur pour réussir à atteindre la perfection stylistique qu’il recherche. Impardonnables est tout de même un joli roman, au final assez beau et qui serait a priori adapté pour le grand écran par Téchiné. Là ça promet d’être grand.

3 réflexions au sujet de « Chronique livre : Impardonnables »

  1. En ce moment je lis une anthologie de polars américains de années 50. Des auteurs inconnus mais qui ont fondé le roman noir actuel. Une vraie immersion réjouissante dans les années 50.

    Djian, toujours beaucoup de mal à le lire avec ce côté effets systématiques que tu as relevé

  2. Polar

    Lasiate : ça doit pas être mal ça ! Intéressant en tous cas. Djian me semble avoir perdu sa flamme et court après, il essaie et c’est joli à voir, même si ça ne me paraît pas entièrement satisfaisant. Impardonnables est quand même un bon bouquin, je te le conseille !

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