Chronique livre: Ensemble séparés

de Dermot Bolger.

ensembleseparesNon non et non. Impossible. Mais pourquoi ? Pourquoi le roman en lequel je croyais le plus dans les cinq livres reçus pour le Prix du roman fnac  se révèle-t-il bien plus que décevant ?

Parce que sur le papier, ça sentait plutôt très très bon : une bonne maison d’édition, un auteur irlandais qui a de la gueule et de la bouteille, un joli titre (du moins en VO, la VF aurait dû me mettre sur la voie du traquenard), une histoire comme on les aime mettant en scène des personnages cassés, ballottés entre leurs histoires et la grande Histoire. Bref, tout pour entamer confiant et avide la lecture de ce livre si prometteur.

Mais dès le départ, c’est compliqué. Ecriture cryptique et lourdingue (à moins que ce ne soit la traduction ou la lecture sur épreuves non corrigées), dialogues tout droit sortis des Feux de l’amour dublinois,

-Depuis que Sophie est partie, j’ai besoin d’espace pour commettre mes propres erreurs et découvrir par moi-même certaines choses sur moi. Ne peux-tu pas me dire que tu m’aimes (…) ?
-Je ne peux plus vivre dans le mensonge, dit Chris.

(non mais franchement, au secours, à l’aide), structure et narration inutilement complexifiées. Le livre regorge d’ambitions et de bonnes intentions, navigue entre bluette, drame social, politique et économique, polar, roman d’apprentissage, mais échoue à peu près partout. A trop vouloir raconter, on s’y perd, les rebondissements sont parachutés comme c’est pas possible. Bref, c’est bien laborieux tout ça. Je suis allée au bout en serrant les dents. Ma prochaine Guinness, je ne l’aurais pas volée, je vous le dis.

Ed. Joëlle Losfeld
Trad. Marie-Hélène Dumas

Chronique livre : Le portique du front de mer

de Manuel Candré.

Le portique du front de merTrès étrange livre que ce portique, deuxième roman de son auteur, après le très fort Autour de moi. En apparence complètement différent de son grand frère écrit dans une veine plus autobiographique, Le portique du front de mer relève pourtant d’un processus d’écriture qui me semble assez similaire.

Quatre amis perdent leurs journées et tuent le temps dans une cité balnéaire à l’abandon, R., coincée entre océan et désert. Continuer la lecture de Chronique livre : Le portique du front de mer

Chronique livre : Autour de moi

de Manuel Candré.

Une bonne surprise que ce court roman biographique, juxtaposition de souvenirs éclatés, d’une enfance bousculée. Manuel, orphelin de mère très tôt est élevé par ses grands-parents paternels, son père, alcoolique, étant fort peu apte à s’occuper de son fils.

Evitant tout misérabilisme, l’auteur nous livre ses souvenirs. Cette enfance, il n’arrive visiblement pas à s’en extraire, incapable de passer à autre chose (même son psy le lui dit). On comprend facilement pourquoi en lisant ces quelques pages. Si le livre n’a pas grand chose d’intéressant, ni d’ambitieux, ni de particulièrement nouveau dans sa forme, c’est plutôt par son écriture qu’il réussit à toucher. Manuel Candré raconte cette enfance dominée par la mort, d’une écriture intense, parfois furieuse, souvent étrangement poétique et évocatrice.

Ces souvenirs sont le révélateur de motifs obsessionnels, la mort (celle qu’on subit, celle qu’on donne), la peur de la folie (celle qu’on subit, celle qu’on sent poindre en soi). Le tout est particulièrement tenu pour un premier roman, et le regard lucide, sans concession, très sombre, laisse pourtant percer quelques éclairs d’humour désabusé. Reste à espérer que Manuel Candré ait réussi par l’écriture de ce livre à se débarrasser de son enfance. Et on espère qu’il aura, au delà de cet épisode de sa vie, autre chose à nous proposer, histoire qu’on tâte à nouveau de son écriture.

Ed. Joëlle Losfeld