Chronique livre : Black Mamba Boy

de Nadifa Mohamed.

Pas grand chose à dire sur ce roman plein de bonnes intentions, hsitoriquement intéressant, mais pas vraiment passionnant. Le livre nous raconte les péripéties de la jeunesse de Jama, enfant somalien, assez tôt orphelin. L’enfant part à la recherche de son père dans une Afrique de l’Est en guerre, et survivra à tout, alors que le monde s’effondre autour de lui.

Roman biographique (Jama est le père de l’auteur), Black Mamba Boy, après un prologue correct, peine par la suite à intéresser et émouvoir. On découvre pourtant une facette de l’Histoire jamais abordée dans les cursus scolaires : les ravages de la colonisation et de la guerre dans les pays déjà ravagés par la pauvreté de l’Afrique de l’Est. Au-delà de ça, c’est le néant. Très mal écrit, mal construit, le roman est assez pénible à lire et à suivre, malgré toute la bienveillance qu’on peut avoir pour cette histoire vraie et difficile. Au suivant.

Chronique livre : Mexico quartier sud

de Guillermo Arriaga.

« Je ne peux pas dormir, j’ai peur. Je crains la nuit parce qu’elle peut tout me prendre ».


Art moderne cracra ? Clique.

Mexico, c’est pas la joie. Le long de ces quinze courtes nouvelles, Arriaga (scénariste de talent d’Inarritu, et nouvellement passé derrière la caméra) dresse le portrait glaçant d’un quartier de Mexico. Les bons sentiments, les protagonistes ne connaissent pas. Entre les gamins qui assassinent après l’avoir violée leur petite cousine ou le gars qui se suicide par la gangrène (ouais enfin, il faut le lire), ou enfin l’infâme docteur Rio qui revient dans quelques unes des nouvelles, la galerie de portraits est assez effrayante.

Le style est sec, éclaté, lapidaire, c’est noir, drôle, grinçant, et parfois insoutenable. Alors, quand les sentiments vrais, la tendresse apparaît, c’en est bouleversant tant elle semble incongrue et déplacée. Les nouvelles, comme souvent dans les recueils sont assez inégales, mais certaines impriment leur marque profondément. Une belle découverte à réserver aux jours où on a la pêche.

Chronique livre : Alamut

de Vladimir Bartol (1938)

Ce soir, j’ai envie de vous parler d’un livre que j’ai lu il y a plus d’un an : Alamut, de Valdimir Bartol. Ce roman aventuro-historico-philosophique est LE chef d’œuvre de la littérature slovène (ahhhh on fait moins les malins là hein). Et ce matin, en regardant les infos, la guerre au Liban et tout et tout, ce bouquin m’est revenu en pleine face, une évidence.

Vladimir Bartol est un obscure écrivain slovène né en 1903 à Trieste, et mort en 1967 à Ljubljana (oui oui ça existe). « Après avoir étudié à l’université de Ljubljana et à la Sorbonne, il servit dans l’armée et vécut en 1933-34 à Belgrade où il édita un hebdomadaire. Introducteur des théories de Freud dans la Yougoslavie d’avant la Seconde Guerre mondiale, féru de philosophie (il fut traducteur de Nietzsche) et de biologie (ses travaux sur les lépidoptères côtoient aujourd’hui ceux de Nabokov dans les bibliothèques universitaires), il se veut d’abord essayiste. » (je cite Wikipédia, mais en même temps, le Bartol, on n’en connaît pas grand-chose). Bon certes, il se veut essayiste mais Alamut reste une pavasse qui s’avale sans respirer.

En gros, ça se passe dans l’Iran de l’an Mil. Un jeune homme est envoyé dans une forteresse perdue dans la montagne (Alamut donc) pour devenir le soldat dévoué de Hassan Ibn Saba, le « Vieux de la Montagne », fanatique religieux chiite, voulant mener croisade (comment ça le terme est mal choisi ?) contre les turcs, musulmans eux aussi, mais à tendance sunnite (ah ben ouais hein, on n’est pas loin loin de la guerre de Clochers tout de même). Afin d’asservir ses ennemis, Hassan est relativement mal barré : pas d’armée, pas d’alliés, mais des idées ! Hassan a bien compris que pour mener une guerre impossible, il faut s’assurer de la fidélité absolue de ses soldats (fedayins). Alors pour les booster un chouille, il leur promet que, s’ils réussissent leur formation, ils auront droit à un bref séjour au Paradis (rien que ça !) avec nourriture céleste, vin et surtout jeunes vierges (mais habiles de leurs mains, et pas que des mains). Bref, à grand renfort de Haschich et de mise en scène digne de Chéreau, Hassan réussit son pari et crée une petite troupe d’Assassins (Haschichins en fait, petit minute culturelle), prête à mourir pour la cause (les précurseurs des attentats suicide, en gros). Il est malin Hassan quand même.

Alamut est un roman absolument fabuleux car il mêle aventures et réflexions profondes et prophétiques. Pas de démonstration magistrale ici, mais une façon de nous faire réfléchir sur la notion de foi, de religion, de pouvoir. Alamut est d’un cynisme crasse, désabusé, et traite avant tout de la religion en tant qu’instrument de pouvoir et de domination. La révélation de l’absence totale de foi d’Hassan, le soit-disant fanatique, est un moment ravageur et met en lumière toutes les illusions et manipulations entreprises afin d’asservir les peuples. C’est d’une modernité bluffante, et après l’avoir lu, on branche les infos, on écoute les horreurs du monde et on se dit « je comprends mieux maintenant… ». Des progrès dans l’humanité depuis 1000ans ? ouais, bof.

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