Chronique livre : L’apiculture selon Samuel Beckett

de Martin Page.

Il y a quelque chose de troublant à fréquenter Beckett et à constater que c’est quelqu’un de normal.

lapicultureselonsamuelbeckettQuelques heures après avoir posé le livre dans un sourire, l’enthousiasme pour ce très court roman est vite retombé. On prend pourtant du plaisir à découvrir le procédé fantaisiste de l’auteur. Un pseudo-assistant de Samuel Beckett, engagé pour l’aider à trier ses archives et lui faire la lecture de son courrier, écrit le journal de cette rencontre. Loin des clichés de l’homme tiré à quatre épingles, le visage sérieux taillé à coups de serpe, les costumes sombres, le brushing impeccable, Samuel Beckett est présenté comme un hurluberlu, aux chemises hawaïennes, un tantinet dépassé par son oeuvre. Le choc est grand pour l’assistant et le lecteur, désarçonnés par la description tendance hippie du maître.

Pourquoi est-on à ce point étonné par le décalage entre l’image que l’on peut se faire de Beckett et la description de Martin Page ? Quels sont les liens entre héritage littéraire et figure de l’écrivain ? A quel point la biographie de l’auteur peut-elle influencer, éclairer ou fausser le jugement que l’on peut avoir sur son oeuvre ? Autant de questions que pose effectivement L’apiculture selon Samuel Beckett. Si Samuel Beckett avait été un bout en train, fan de coluche Coluche et d’abeilles, rirait-on encore plus en lisant Molloy ou Watt ?

Au-delà de ces intéressantes interrogations et de la sympathie bonhomme qui se dégage du texte, malheureusement, il ne se passe pas grand chose. Le roman manque tout de même grandement de littérature. L’écriture est factuelle et directe, le narrateur souhaitant retranscrire fidèlement ces moments privilégiés passés avec Beckett. C’est un choix défendable, mais totalement transparent. Le livre nous traverse donc, sans laisser beaucoup de traces. L’apiculture selon Samuel Beckett apparaît finalement comme une petite récréation, sympathique, mais assez anecdotique.

Ed. Editions de l’Olivier

2 réflexions au sujet de « Chronique livre : L’apiculture selon Samuel Beckett »

    1. C’est le premier roman de Martin Page que je lis. Un bon moment, léger, sans doute un peu trop au niveau de l’écriture. Mais c’est intéressant. Bienvenue ici Zazy.

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