d’Isabelle Stibbe.
Tout commence par une magnifique citation de Neruda et un titre qui s’y réfère, autant dire que tout commence bien. Les maîtres du printemps est un roman choral. Les voix de trois personnages s’y mêlent pour raconter la Lorraine d’aujourd’hui, ses hauts fourneaux qui ferment, ses luttes et ses espoirs. Il y a d’abord le syndicaliste charismatique, le politicien bien intentionné et l’artiste qui trouve son inspiration dans la lutte et la fonte en fusion.
Isabelle Stibbe réussit assez bien cet exercice compliqué de donner vie, par l’écriture, à ses trois protagonistes et par leur voix, de donner la parole à la Lorraine et à cette usine, fascinante. C’est d’ailleurs ça qui séduit clairement le plus dans ce roman, la façon de poétiser, de sublimer, et ça, sans jamais tomber dans le mièvre, les hauts fourneaux, leur fonctionnement, et la façon dont ils catalysent la vie autour d’eux, dont ils façonnent les gens, les organisent.
Il est rare aujourd’hui d’oser s’attaquer à ce type de sujet, à la fois littéraire, politique et humain, les Hugo et Zola sont morts depuis longtemps. Cette audace et la sincérité de l’écriture d’Isabelle Stibbe lui rendent justice, et font de ces Maîtres du printemps, un roman tout à fait irréprochable. Isabelle Stibbe convainc cependant beaucoup plus quand elle parle d’Art, d’hommes ou de société, que de politique. Il y a du souffle et du coeur dans son approche des hommes qui rejaillissent dans son écriture. Pour les discours politiques de ses personnages, on frôle tout de même la caricature, même si aujourd’hui malheureusement, la réalité dépasse de loin la fiction dans l’absurde.
Les maîtres du printemps est un roman tout à fait recommandable, touchant, sincère, qui fait du bien, et malgré ses quelques maladresses, on n’a clairement pas envie d’en dire du mal.
Ed. Serge Safran éditeur