de Marie Simon.
Difficile pour le lecteur, ou plutôt la lectrice que je suis, de parler de ce livre qui oscille sans cesse et jusqu’à la fin entre grand cri d’amour et déballage impudique. Difficile parce que Marie Simon y aborde des thèmes qui me touchent assez personnellement, comme beaucoup d’autres, sans aucun doute et qu’elle le fait sans filtre, sans circonvolution, en s’entaillant le ventre de bas en haut et en se sortant les tripes.
Tout ça ne s’écrit sûrement pas. Ce serait gênant pour tout le monde, et puis ça ne sert à rien.
Viscéral donc, parfois un peu trop, le lecteur ne se sent donc pas forcément à se place. On pense à Emmanuel Carrère et son roman russe parfois, dans cette façon de ne pas prendre de distance et de plonger le lecteur dans son intimité, ou du moins dans l’intimité de son héroïne. Il faut avoir du courage pour faire ça, de l’inconscience aussi peut-être. Ce n’est clairement pas mon truc en tant que lectrice, mais aussi sans doute parce que ça réveille chez moi des choses que je n’aimerais rien tant que voir enfouies à coups de bottes.
Personne pour veiller à ne pas l’abîmer d’avantage (…).
Pourtant, impossible de lâcher le morceau. Parce que quelque part il y a de l’énergie dans cette écriture, de la poésie et beaucoup d’amour. C’est quand elle parle de l’enfant, de cette vie qui enfante sa mère autant qu’elle l’enfante que le livre devient infiniment touchant. Débarrassée de ses peurs, elle donne voix à l’enfant, cet enfant qui s’est imposé à elle et qu’elle a accueilli comme une évidence. L’enfant dicte, impose, modèle celle qui lui donne vie ou plutôt la révèle à elle-même.
Elle sera ma mère, ma seule maman, mon amour-corps. Je ne l’observe pas, c’est inutile. Je la connais, c’est moi qui l’ai faite.
C’est beau, bancal, écorché, trop long, touchant, maladroit et puissant. C’est un livre sur le fil, fragile, plus roseau que chêne, et en tous cas plein de promesses d’écriture à venir.
Ed. Editions Léo Scheer