Chronique livre : Transparences

d’Ayerdhal

Pourquoi je l’ai acheté
Bien en évidence sur une gondole du Virgin de la Part-Dieu, j’ai d’abord résisté à la tentation du bandeau rouge annonçant « Votre prochaine nuit blanche », et à la quatrième de couv’ citant le magazine Lire « Transparences est à ranger du côté du Nom de la Rose, de Nikita, d’Hannibal et de Kill Bill ». Et pis, le coup d’après, ben j’ai craqué.

Qui c’est l’auteur
Ayerdhal est un écrivain français, né en 1959 à Lyon. Son vrai nom est Jacky Soulier, c’est sûr c’est nettement moins glamour qu’Ayerdhal. Il est surtout connu pour ses bouquins de science-fiction, que personnellement je n’ai pas lu, mais que je lirai peut-être après avis auprès de mes amis experts en SF. Transparences est son premier polar (enfin y’a marqué Thriller sur la couv’, je vois pas trop trop la différence mais passons). Vous trouverez une interview du monsieur à propos de ce bouquin ici.

Ce que ça raconte, en gros
Un psychologue/criminologue canadien, tendance Dom Juan, jeune, con et handicapé du palpitant (vision purement féminine de ce personnage) se voit confier par Interpol, de combler les lacunes  du dossier et de retrouver Ann X, sérial killeuse multi-multi-récidiviste. Le problème c’est que cette Ann X, est un mystère complet, qu’aucune caméra ne réussit à la filmer, que personne n’est capable de la reconnaître. Bref s’ensuivent de nombreuses recherches, de nombreuses théories, de nombreux voyages…

Ce qui m’a agacé
Le Syndrome Internet : les auteurs de polar français ont la fâcheuse tendance de passer des heures sur internet pour trouver du contenu à leurs bouquins (Maxime Chattam, Dan Chartier pour ceux que je connais). On est donc submergé par des tonnes de détails, de références. Ca part un peu dans tous les sens, et finalement, on en retiendra rien. Le trop est l’ennemi du bien.
Les personnages sont tous des génies, parlent par sous-entendus, déjouent tous les pièges psychologiques dressés par leurs interlocuteurs, dans de longs longs dialogues. Et à la fin de chaque dialogue, ben on se sent totalement crétin de n’avoir rien compris. Personnellement j’ai tendance à croire qu’il n’y a pas toujours quelque chose à comprendre derrière toute cette débauche de mots. Mais c’est peut-être une façon de me leurrer sur mes capacités intellectuelles.
Les explications scientifiques bidons : Ann X. est douée de la faculté de « Transparence », qui fait qu’elle arrive à se faire oublier, à passer inaperçue, pour les hommes, mais aussi les matériels photographiques et électroniques. Ca fait rêver non? ben Ayerdhal tente de nous expliquer scientifiquement le phénomène, ce qui casse pas mal le charme. D’abord, parce qu’on n’y comprend pas grand chose (cf. ci dessus), et puis une pointe de fantastique dans un polar, ça aurait été pas mal.
L’écriture : pas de grosses difficultés de lecture, ça se lit bien mais… les régionalismes québécois, lyonnais, tout ça sonne creux, tout comme le vocabulaire scientifique, psychologique les métaphores typiquement françaises. Dommage, plus de simplicité aurait rendu tout ça fluide et vraiment agréable à lire.

Ce qui m’a plu
Lyon : la majorité de l’histoire se déroule à Lyon, vers la place Ampère. Pour qui connaît les lieux c’est donc tout à fait sympathique de se situer pile-poil, de suivre les trajets en métro, de visualiser les rues etc… (dédicace spéciale Isabelle : il parle même de l’école Emile Cohl)
Les personnages : pour une fois dans un thriller français, les héros ne sont pas complètement formatés. Stephen (le héros) est assez antipathique, il n’a qu’un ami, pas franchement de vécu. Ca n’est donc pas le détective brisé par la vie, très souvent présent dans ce genre d’ouvrages. Il évolue bien le long du livre, ce qui lui donne un peu plus de substance, même s’il reste un chouïa creux à mon goût. Ann X. est une très belle invention, mystérieuse, fantasmagorique, elle nous permet une assez belle réflexion quant à notre sens moral. Car il faut bien l’avouer, dès les premières lignes, cette tueuse en série est fascinante et assez sympathique. Pervers non?
Originalité de la forme : alors que beaucoup de polars sont palpitants car très serrés au niveau timing, Transparences s’étale sur 4 années et prend franchement son temps. Ca change, surtout qu’il ne perd en rien en intensité.

Donc même si ce livre pêche par ces excès, et sa volonté de bien faire, il reste un bon divertissement, dont le véritable point fort est le personnage central, la mystérieuse Ann X.