Chronique film : Les Amours d’Astrée et de Céladon

(2007) d’Eric Rohmer

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Mettons que vous êtes prof dans un collège et que vous avez un grand sens du devoir. Vous sélectionnez dans votre classe les élèves qui savent lire, et un texte du programme qui ne demande pas d’avoir vécu la guerre. Ensuite, pour les costumes, comme vous n’avez pas beaucoup de sous, des bouts de draps suffiront. Le projet prend de l’ampleur, le prof fana d’audiovisuel s’en mêle, et même le prof de musique veut apporter ses notes à l’édifice.

Voilà. C’est ça les Amours d’Astrée et Céladon. Alors comme dans un spectacle scolaire, il y en a qui s’en sortent mieux que d’autres (les membres du club théâtre), et les autres. Évidemment, le jeune premier et la jeune première compensent leurs avantageux physiques par un ânonnement laborieux. L’apparition du sein de la damoiselle (fort joli, il faut le reconnaître) sauve fort à propos l’intérêt du public grabataire et stimule la plume du critique intello. Le jeune éphèbe ne se désape pas, faut pas non plus aller dans la provoc.

Alors oui, c’est vrai, c’est frais. Très frais. La toute fin est mignonnette comme tout, et distille une subtile et troublante sensualité. Reste qu’on passe quasiment 2h à tenter de réprimer un fou rire naissant, ce qui se révèle très délicat lorsque les protagonistes poussent la chansonnette. On reste vaguement accroché jusqu’à ce que le druide explique le cortège divin des Celtes. Là, c’est la débâcle. Enfin, il faut avouer que, pour qui n’osera pas s’attaquer aux quelques 5000 pages du roman pastoral d’Urfé, ça peut se révéler utile. C’est pas tous les jours qu’on peut substituer à la lecture d’un bouquin un film de Rohmer pour remplir une fiche de lecture.

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