Chronique livre : La présence

de Jean-Pierre Ostende.


Un peu plus de présence, un clic sur la photo.

Voilà un machin assez curieux, qui se lit avec plaisir mais sans énorme passion non plus. Bergman, admirateur professionnel de métier, est envoyé par sa boîte, l’Explorateur Club, dans un château campagnard. Il doit effectuer une étude afin de transformer les lieux en un parc d’attraction. Mais peu à peu, les lieux, l’atmosphère, les histoires passées, la solitude semblent brouiller sa perception des choses, et le monde perd de sa consistance. Les frontières entre passé et présent deviennent poreuses, les objets acquièrent une présence particulière.

Roman poétique et absurde, La présence interroge. Des éléments éparses, distillés au compte-gouttes, créent un univers bancal, plein de courants d’air. Des nuées de mouches mortes, du lait renversé au sol, le journal intime d’une femme morte depuis des lustres, un jardin des horreurs à moitié détruit. L’histoire pourrait être morbide, elle est plutôt douce et brumeuse. On se pose des questions tout en étant un peu anesthésié, et en se laissant porter gentiment. C’est un peu ça le problème. Comme le héros, qui vit une espèce d’identification avec une des anciennes propriétaires du château bienheureuse, on se met à accepter tous ces éléments incongrus avec une certaine indifférence.

Le roman est pourtant riche et intelligent, avec des formules brillantes, et de vraies choses à dire (à la fin, on s’aperçoit qu’on est plutôt dans un futur proche que dans le présent, et que ce futur est assez glaçant), mais tout cela, finalement passe au second plan. On pense souvent à Murakami , bien sûr, en moins tenu, plus vaporeux. Pas entièrement convaincue, mais je serai curieuse de lire d’autres productions du gars.

On retiendra cependant cette phrase, empruntée à Hubert Lucot : « Pour vivre, survivre, il faut s’en foutre un peu. » Moi, perso, j’ai du mal.