Texte et Dramaturgie : Philippe Malone
Mise en scène : Véro Dahuron
Parfois, ça vaut le coup de se casser le cul, braver les grèves ratpiennes, sncfiales, juste pour avoir le plaisir infime et infini de voir du bon théâtre. Comment raconter le traumatisme ? des causes multiples pour un seul mal, un seul choc, physique, émotionnel. C’est à partir d’un monceau d’interviews de traumatisés divers et variés, que Philippe Malone a dû laisser décanter, mûrir, épurer, presser pour en extraire l’essence, qu’est né le texte. Pas un travail d’écriture, non, plus un travail de fourmi, d’une intelligente humilité, de mise en forme, mise en valeur des mots des autres, sur une grille musicale, une partition millimétrée.
Blast fait partie de ces textes dans lesquels le fond et la forme se marient de manière confondante pour créer une entité uppercut qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. Le récit d’abord déroute, feu d’artifice de mots, de maux, au rythme hypnotique, pour devenir progressivement plus linéaire et laisser la part belle aux témoignages. Cohérence de l’éclatement, bribes, fragments, agencés au cordeau, Blast est en cela très réussi qu’il évite les dangers des amalgames historico-politiques et l’écueil du pathos, pour servir un constat humain, l’universalité de la douleur, douleur potentiellement destructrice quelque soit son origine. La mise en scène, très (un peu trop ?) inventive, s’empare du texte à bras le corps, frontalement, sans chercher à louvoyer ou verser dans le lacrymal. Les acteurs, impliqués, réussissent à insuffler une légèreté, à tenir une certaine distance par rapport au texte, sans jamais lâcher le morceau.
A voir donc, de toute urgence, par tous les lecteurs parisiens de ce blog. Et puis par les autres aussi. Blast est présenté tous les soirs à 20h30 au Théâtre du Chaudron à Paris (relâche le dimanche), et ce jusqu’au 10 novembre. Dont acte ?