de Michel Houellebecq.
Il a fallu toute la force de persuasion de deux personnes pour me convaincre à mettre le nez dans ce bouquin, échaudée que j’étais par le souvenir catastrophique de certaines particules élémentaires. Ils avaient raison. J’ai été terrassée par ce livre, foudroyée par le regard lucide et la plume acérée de Houellebecq.
Deux récits se croisent dans deux temporalités différentes : celui de Daniel, comique cynique à succès du XXIème siècle, et celui de son clone, plusieurs millénaires plus tard, qui commente la vie de son lointain ancêtre. Même ADN pour deux modes de vie diamétralement opposés. Si Daniel, premier du nom, affecte une haine de l’humanité sans fond, il n’est à la recherche que d’une chose, l’Amour. Sous ses propos souvent limites, se cachent le gouffre immense du manque de tendresse, la peur du vide, l’angoisse de la mort. Tout en rejetant l’idée même de paternité, sa terreur de la fin, et surtout de la vieillesse, le pousse dans une réelle fascination pour les travaux scientifiques d’une secte promettant la vie éternelle. Il accédera réellement à cette vie éternelle, via le clonage. Mais cette vie, régulièrement renouvelée par la mise en circulation d’un nouveau Daniel, n’a plus rien à voir. Pas de contacts humains, pas d’amour, pas de baise. C’est une vie purement intellectuelle consistant à se replonger dans les souvenirs de l’ancêtre, à essayer de comprendre ses motivations, ses choix. Mais quand il n’y a plus d’envie, plus de désirs, plus de décisions à prendre, plus de futur incertain, cette compréhension disparaît.
Malgré quelques légères longueurs, le roman est bouleversant de bout en bout, notamment dans ces dernières pages, modestes et ambitieuses, qui essaient en quelques lignes, et réussissent, à définir ce qu’est la vie. Au détour des lignes, Houellebecq assène des vérités, mine de rien, et sans esbroufe. La Possibilité d’une île fait partie de ces oeuvres qu’on pose en se disant « ce gars là a tout compris ». Oui, il a tout compris à l’Homme, ses élans et sa peur au bide, sa misanthropie et son indulgence à pardonner la faiblesse humaine. C’est moralement contestable, et humainement indispensable.
Houellebecq m’ecoeure, … Mais, ok, je veux bien essayer, …
tu vas cloner la Puce également ??
île.
Steph’ : honnêtement, je pense que tu vas détester, cependant, je ne peux que te pousser allègremment à le lire !!
Diatoniste : ça ne serait pas sensas’ ?
je n’avais pas été au bout des particules … malaise. pourquoi pas celui ci cordialement
Particules.
Dhodho : ose, ose, celui-ci est magnifique !
à bien y réfléchir
Et bien au départ, j’en avais une idée tout autre et puis après avoir lu tes commentaires et bien réfléchi à la question, mon avis irait dans ton sens. voir le texte sur mon blog, que j’ai écrit après t’avoir lu.
Houellebecq.
Nicolas : Merci pour tes coms, et puis je vois aussi, le lien là. C’est sympa.
Ton analyse est intéressante, cependant, ce n’est pas ce que j’ai retenu du roman. Le fond de la pensée ne me semble pas être une critique de la société actuelle de consommation (si j’ai bien compris ce que tu dis), ni surtout un message d’espoir sur une nouvelle forme de société susceptible d’émerger. Au contraire, bien qu’en étant très critique, et je dirais lucide tant le récit auto-biographique, face à son personnage, face à la médiocrité de l’humanité en général, il y a un véritable amour de cette faiblesse et cette médiocrité. La société future, de ces clones sans vrais souvenirs, sans désirs, sans besoins matériels jusque dans leur autotrphique, donc indépendance alimentaire, est terrifiante, triste, morne, et dépourvue de toute cette humanité. C’est une vision d’épouvante d’une évolution potentielle de l’humanité.
Houellebecq affirme avec force que l’Homme ne se définit pas par sa force, mais au contraire ses besoins (sexuels, alimentaires), et ses manquements, ses peurs, ses faiblesses, sa dépendance, sa fragilité. C’est une source de grande souffrance, une souffrance aigue et chronique, mais également l’origine des plus grands plaisirs de la vie. Une humanité sans souffrance est également une humanité sans plaisir, donc n’est plus une humanité.
Voilà un complément de mon analyse ! Et bonne soirée.
Je ne pense pas avoir dit (ou mal exprimé) que il y avait un lien direct avec notre société d’aujourd’hui. J’ai de ma propre initiative fait un parallèle entre « sexe » et « pouvoir d’achat »… Et dans les composants de ce qui fait l’homme et la description personnelle et réaliste de l’auteur, il me semble avoir perçu un appel au secours… une tentative de l’auteur de montrer que l’excès peut amené à l’excès d’un avenir non souhaitable….
Mais peu importe l’idée que j’ai pu ressentir de ce roman… il y a là deux approches différentes qui donnent la possibilité à un autre lecteur de se faire lui aussi sa propre idée de cette histoire et de ce qu’elle peut laisser transparaitre.
Ton approche m’a permis de me repositionnner sur l’idée première que j’avais de ce roman et de tenter de l’inscrire dans une démarche qui me parlerait d’avantage. Je t’en sais grée.
Et je suis également en accord avec ton approche… qui me parle aussi. Bonne nuit.
Oui, je n’ai sans doute pas été assez clair sur ce que j’ai perçu du roman.
Le message d’espoir résiderait dans la volonté de Houellebecq de faire prendre conscience à travers sa vision du monde (description), de l’équilibre fragile de l’humanité…
L’espoir est de transmettre à son lectorat une vision plus juste de son propre univers. Mon parallèle n’était là que pour faire un rapproche plus proche de notre réalité. Je ne vois pas ce roman comme une fiction, mais comme un fait de société. Très actuel, très réaliste, d’une crudité à faire réagir, prendre conscience (d’ou espoir).