Chronique film : Le voyage aux Pyrénées

de Jean-Marie et Arnaud Larrieu.


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Alexandre Dard et Aurore Lalu sont deux comédiens français renommés (enfin surtout Aurore, Alexandre lui est régulièrement confondu avec André Dussolier). Ils tentent de s’exiler au fin fond des Pyrénées. Le but de l’opération : essayer d’enrayer la nymphomanie galopante qu’Aurore a contracté lors d’un séjour à Rome. Malheureusement leur anonymat explose en un rien de temps, et Aurore ne parvient pas à se maîtriser, sautant d’un orgasme à l’autre dès qu’elle pose le pied dans la chaussure de rando d’un inconnu, ou qu’on lui tripote les orteils avec du chocolat. Mais l’ours (des Pyrénées, fraîchement importé) rode.

Lecteurs, faites fi des critiques catastrophiques qui accompagnent la sortie de ce film. Le voyage au Pyrénées est une petite merveille de fantaisie absurde et profonde qui n’a nul équivalent dans le paysage cinématographique franchouillard. Autant la précédente bobine des Larrieu m’avait moyennement convaincue (Peindre ou faire l’amour), autant Le Voyage aux Pyrénées remporte ma plus chaude adhésion.

Les Pyrénées n’y sont pas pour rien. Issus de cette merveilleuse région, les Larrieu, évitant tout régionalisme béat, filment merveilleusement ces paysages qu’on leur sent familiers. Noyés de soleil, ou plongés dans un brouillard fantômatique, étirant ses étroites vallées et ses lacs profonds entre leurs parois rocheuses, les Pyrénées sont un personnage central du film plus qu’un simple décor. Recherchant l’incognito en ces lieux déserts, les deux acteurs découvrent pourtant un milieu vivant (hommes, animaux), dans lequel la faible densité de population exacerbe la curiosité. Dans ce merveilleux décor familier, les Larrieu déchaînent leur créativité, truffant le film d’idées hilarantes et de légendes rurales : un ours taquin, menaçant et joueur tour à tour, une femme nue sauvage, des curés béats et dénudés (dont Philippe Katerine, qui paye de sa personne), Alexandre qui se met à causer tibétain après avoir mangé des champignons hallucinogènes… Le rythme est planplan mais ne faiblit jamais. Et c’est une grande qualité.

Derrière la farce, les Larrieu glissent une métaphore acide du « métier » d’acteur, ou plutôt de la condition d’acteur. Aurore surtout en est un beau specimen. Alexandre reste lui, en tout temps aimable et avenant, même quand les journalistes lui sautent dessus, se plantent de nom, ou que les badauds demandent un autographe. Aurore est nymphomane, les regards des inconnus la font brûler de désir. Elle n’est plus excitée que par l’attention de son public, et ne fait plus l’amour avec son mari. Elle est capricieuse, frivole, et même sa disparition et sa quête de solitude ne peut se faire que de manière incongrue, et sous le regard distant des spectateurs. Elle n’est plus que jeu, mensonge, n’existant finalement plus par elle-même. Scrutés, épiés, Aurore et Alexandre, jouant en permanence leur vie, finissent par être punis par où ils ont pêchés. Mais c’est pour mieux se retrouver au moment où ils vivent une situation dans laquelle ils ne peuvent plus jouer comme ils ont eu l’habitude de le faire. N’empêche, à mon avis, pour eux les emmerdes ne font que commencer.

6 réflexions au sujet de « Chronique film : Le voyage aux Pyrénées »

  1. Alors ?

    Dam : alors alors ? ça t’a plu ?

    Didier : je sais pas si on choisit toujours …

    Stéphanie : pas eu le temps de me faire une séance photo dans la rue, tu me pardonnes ?

    Boguy : ne le loupes pas !

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