de Patrick Modiano.
Souvenir d’horizon. Clique.
Les romans de Patrick Modiano ont une constante : on en garde toujours un souvenir de lumineuse brume. Les histoires s’échappent aussi vite qu’elles sont lues et ne reste que la mélodie d’une langue douce, ciselée, parfaite. L’Horizon ne déroge pas à cette règle, d’autant plus qu’il traite d’un sujet pour le moins subjectif, le souvenir. Un écrivain d’âge mûr se remémore un épisode de sa jeunesse, épisode ravivé par le nom d’un personnage de son passé, pourtant à peine croisé. Il se souvient que jeune homme, vendeur dans une librairie pour survivre, il a rencontré une jeune femme, Marguerite Le Coz. Vivant constamment dans la peur, Marguerite est poursuivie par un homme peu amène.
Souvenirs croisés des deux protagonistes, sauts temporels, le plume de Modiano se plaît à surtout à ne pas rester dans la droite ligne de son récit, pour s’approcher de l’évocation. Evitant de toute force de plonger dans le passéisme malgré son sujet, le narrateur semble évoquer les ombres de sa vie afin d’éclairer son présent, de dénouer les mystères (mais pas trop vite surtout) pour mieux savourer le moment. C’est beau et lumineux, parce que justement placé sous l’ombre d’une menace passée, que les années ont rendu diffuse. Une dentelle parfaite. Ou plutôt une toile d’araignée, constellée de gouttes de rosée, brillantes dans le soleil du matin.