Chronique livre : L’Horizon

de Patrick Modiano.

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Souvenir d’horizon. Clique.

Les romans de Patrick Modiano ont une constante : on en garde toujours un souvenir de lumineuse brume. Les histoires s’échappent aussi vite qu’elles sont lues et ne reste que la mélodie d’une langue douce, ciselée, parfaite. L’Horizon ne déroge pas à cette règle, d’autant plus qu’il traite d’un sujet pour le moins subjectif, le souvenir. Un écrivain d’âge mûr se remémore un épisode de sa jeunesse, épisode ravivé par le nom d’un personnage de son passé, pourtant à peine croisé. Il se souvient que jeune homme, vendeur dans une librairie pour survivre, il a rencontré une jeune femme, Marguerite Le Coz. Vivant constamment dans la peur, Marguerite est poursuivie par un homme peu amène.

Souvenirs croisés des deux protagonistes, sauts temporels, le plume de Modiano se plaît à surtout à ne pas rester dans la droite ligne de son récit, pour s’approcher de l’évocation. Evitant de toute force de plonger dans le passéisme malgré son sujet, le narrateur semble évoquer les ombres de sa vie afin d’éclairer son présent, de dénouer les mystères (mais pas trop vite surtout) pour mieux savourer le moment. C’est beau et lumineux, parce que justement placé sous l’ombre d’une menace passée, que les années ont rendu diffuse. Une dentelle parfaite. Ou plutôt une toile d’araignée, constellée de gouttes de rosée, brillantes dans le soleil du matin.

Chronique livre : Dans le café de la jeunesse perdue

de Patrick Modiano.

Un peu bizarre de plonger dans ce court ouvrage après 5 énormes pavasses, mais on ne peut pas résister à l’appel du livre quand il est doté d’un titre si beau. Dans le café… passe comme un rêve, porté par une langue si simple et si belle, qu’elle flotte dans le crâne comme une douce mélodie.

Louki fréquente un café, peuplé d’une jeunesse perdue avant même d’avoir commencé à vivre. Plusieurs personnages se succèdent, dont elle-même, pour faire le portrait en creux de cette femme, ou plutôt les impressions qu’elle a laissé dans les mémoires des gens qui l’ont croisée. C’est très beau, d’autant plus que finalement, on n’apprend pas grand chose sur Louki, elle reste un mystère entier, fantôme de passage dans ce monde, pas vraiment dans la vie, en dehors.

Le livre offre alors le portrait d’une époque révolue, d’un temps passé. Pas de nostalgie ici, l’écriture de Modiano est finalement plus attachée aux êtres qu’aux saisons, et les saisons n’existent que par la présence des êtres. A savourer avec délicatesse.