de Gus Van Sant.
Voilà le type même de films pour lesquels je me retrouve assez sèche quand il s’agit d’en parler : Promised Land est l’exemple parfait du film qui n’a rien à se reprocher.
Steve et Sue, représentants commerciaux d’une firme d’exploitation des gaz de schistes, arrivent dans une petite bourgade rurale et pauvre du fin fond de la cambrousse des Etats-Unis. La campagne est jolie, verdoyante, les vaches tranquilles, mais les habitants fauchés. Les représentants sont en charge de leur faire signer des baux d’exploitation de leurs terres. Alors que Sue n’a qu’une envie, en finir au plus vite pour rejoindre son fils, Steve commence à douter du bien-fondé de leur mission et de cette terre promise qu’il leur propose.
Rien a dire sur ce film donc, à part qu’il est impeccable. Le héros est du côté des méchants sans le vouloir mais se rachète, le gentil écolo se révèle être le diable en personne, les personnages sont conditionnés par ce qu’ils ont vécu enfant… bref aucun manichéisme là-dedans, pas non plus de jugement, à part sans doute sur le fait de fermer les yeux volontairement sur ce qu’on ne veut pas voir, en l’occurrence les conséquences environnementales désastreuses de l’exploitation des gaz de schistes.
L’interprétation est également parfaite, avec une mention spéciale à Frances McDormand dans le rôle ambiguë de la nana hyper sympa mais qui préfère fermer les yeux sur les conséquences de son travail. La mise en scène trouve la bonne distance pour raconter cette histoire et le réalisateur filme très bien la campagne, ce qui n’est pas si fréquent. Le scénario plutôt intelligent, oscille entre humour et réflexion, même si certains personnages secondaires manquent cruellement de profondeur.
Oui mais voilà, tant de savoir-faire, de doigté, de bonnes intentions, finalement ça ne suffit pas à faire un grand film. On peine à discerner quel est le véritable sujet du film : les gaz de schistes ? les pratiques commerciales infâmes des exploitants ? l’itinéraire d’un homme qui est amené à faire bouger ses bases et à réévaluer sa notion de « promised land » ? Je parierai plutôt sur cette dernière thématique, mais dans ce cas, je m’interroge quand même grandement sur la crédibilité du bidule. Steve et sa grande expérience aurait attendu ses 40 ans pour commencer à s’intéresser véritablement aux conséquences de sa profession ? On peut donc faire ce métier en pensant sincèrement qu’on aide les gens et en ignorant complètement les ravages de l’exploitation des gaz de schistes ? Mouais, j’avoue être plutôt dubitative sur ce point.
Promised Land fait tout bien, sans pour autant réussir à dégager une direction, un sens véritable. Pas certaine que ce soit un sujet pour Gus Van Sant en fait.