Chronique film : Stoker

de Park Chan-Wook.

stokerIndia et ses parents vivent dans une maison isolée, entourée d’un parc. Son père, Richard, est victime d’un accident de voiture. A l’enterrement apparaît le mystérieux oncle Charlie, qu’Evie, la mère d’India accueille à bras plus qu’ouverts. Qui est véritablement cet homme, pourquoi semble t’il s’intéresser à ce point à la jeune et solitaire India ?

Bien étrange film que celui-ci, déterminé à emmener le spectateur sur une fausse piste (le film fantastique et vampirique), pour mieux le surprendre avec son final glaçant. La référence est évidente, c’est vers le Dracula de Bram Stoker qu’il faut regarder. Tout une mythologie se met en place dans l’esprit du spectateur, bien imprégné par le nom de Stoker. Mais il comprend progressivement que non, il ne sera pas question de vampire, mais essentiellement de l’emprise d’un homme sur les autres.

Park Chan-Wook utilise très bien la géographie des lieux, notamment de cette maison et de son parc. Les décors et costumes, très réussis, participent également à la création d’une ambiance fantastique, proche du conte de fées. Le réalisateur adopte le point de vue d’India, adolescente qui est persuadée d’avoir les sens hyper-développés. Le monde qu’il construit est éclaté, plein de bruits divers, souffles et murmures. Des plans s’échappent, sortes de petits flashforwards à l’intérieur des scènes ou entre les scènes. L’oncle Charlie (mais existe-t-il vraiment ?) a une visage lisse de Hubot. Sa présence sert de révélateur des frustrations de la mère, de la découverte du plaisir et du passage à l’âge adulte d’India. En devenant adulte, India découvre la liberté et ses véritables pulsions, jusque-là contrôlées intelligemment par son père.

Le film a donc plusieurs visages, vrai-faux film fantastique, film d’apprentissage, film sur la naissance de la violence, sur le contrôle qu’un homme peut exercer sur les autres. Plusieurs interprétations sont donc possibles, la mise en scène est impeccable, les acteurs troubles à souhait, le décor et la musique (Philipp Glass notamment) sont fantastiques et pourtant le film ne réussit jamais à décoller tout à fait. On regarde ça avec un certain intérêt et une curiosité certaine, mais sans enthousiasme démesuré non plus. Difficile de rentrer complètement dans cette histoire et cette construction très intellectuelle, visuelle et maîtrisée, mais qui ne dégage finalement pas grande passion.

Un film très bien foutu certes, mais auquel il manque le petit quelque chose.

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