Chronique film : Tirez la langue, mademoiselle

d’Axelle Ropert.

tirezlalanguemademoiselleBoris et Dimitri sont frères et médecins généralistes dans le 13ème arrondissement de Paris. Dans ce décor de béton et de néons, les frères, qui font quasiment tout, tout pareil, tombent amoureux de la même femme, la mère d’une de leur petite patiente.

Je pensais aller voir une petite bluette anodine, Tirez la langue, mademoiselle vaut beaucoup mieux que ça. Le film dénote dans le paysage du cinéma d’auteur français par la beauté renversante de sa photographie, toute en subtilité, jouant avec les clairs-obscurs, utilisant magnifiquement le décor très particulier des Olympiades. C’est grâce à cette magnifique photo, et la façon dont elle prend pied dans son décor qu’Axelle Ropert réussit à dépasser le caractère un peu anodin et gadget de son scénario. Grâce à sa mise en scène maîtrisée et audacieuse, prenant tout son temps, elle ancre ses personnages dans son décor, fait des tours et des dalles de béton un personnage à part entière de son histoire, à la fois territoire physique et mental de ses héros.

Cédric Kahn, Louise Bourgoin et Serge Bozon sont juste parfaits et parfaitement dirigés. Louise Bourgoin, magnifiée en objet de fantasme, mystérieuse dans son manteau rouge, réussit à rendre son personnage humain, fragile. Elle est assez bouleversante en femme tellement brisée par l’abandon qu’elle ne peut concevoir qu’on puisse l’aimer. Les cinéastes Cédric Kahn et Serge Bozon sont surprenants de justesse, et les deux gamins du film, la petite diabétique et l’ado asiatique nous offre un petit miracle de scène surréaliste, sur fond de néon et de smoothie à la banane.

Plus qu’une simple histoire d’amour, Tirez la langue, mademoiselle montre des personnages qui ignoraient même qu’ils pouvaient, qu’ils avaient le droit d’attendre quelque chose de la vie et de s’autoriser à les vivre. “J’espère qu’ils sont heureux” dit l’ex-secrétaire des deux médecins à la fin du film, avant que la caméra d’Axelle Ropert ne se pose, pour son dernier plan sur une rue de Paris et regarde passer les choses. Il est bon parfois, de regarder passer les choses.

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