de Marius Nguié.
Piqué au hasard dans une librairie pour la joliesse de l’objet, la curiosité d’une nouvelle langue et sa première page intrigante, Un yankee de Gamboma ne manque pas de points d’accroche. Le lecteur est avide de découvertes et ce petit livre semble en receler quelques-unes.
Judicieusement introduit et post-facé de l’itinéraire de son auteur et de quelques repères historiques, l’aventure semble prometteuse. Dans une ville « tranquille » du nord du Congo, dans les années 90, un jeune garçon se lie d’amitié à un soldat, ancien de la guerre civile qui ravage le pays. Ce sous-off, au passé et à la morale discutable, sait cependant se montrer grand prince avec la gamin, à grands coups de boîtes de sardines et de cassoulet. Cette amitié donne l’occasion à l’auteur de dresser un portrait en creux de cette ville, de ses habitants et de leurs mœurs.
On y découvre ainsi, dans une langue étrange, distante et métissée, la dureté de la vie au Congo. On y mange pas souvent à sa faim, les filles se font violer toutes les trois minutes, on y meurt très bien de diverses maladies pas jolies. De ce point de vue-là, le roman est réussi. Marius Nguié parvient à faire vivre Gamboma dans l’esprit du lecteurs et à rendre hommage aux gens qui y luttent pour survivre.
Cependant, il faut honnêtement admettre que ce livre, pour sympathique et intéressant qu’il soit pêche par absence de relief. Parfois confus dans le récit, beaucoup de personnages, beaucoup de mouvements en si peu de pages, Un yankee à Gamboma manque au niveau de son écriture de cet art de l’ellipse et de la précision qu’on a pu récemment trouvé, dans ce genre finalement assez proche du conte, chez Pierre Luccin et son Sanglier.
Un yankee à Gamboma est un bel objet-livre, intéressant sur le fond, mais pas tout à fait abouti dans son écriture et sa construction. L’auteur me semble à suivre cependant et sans doute prometteur.
Ed. Alma Editeur