Chronique film : Twilight – Chapitre 5 : Révélation 2ème partie

de Bill Condon.

Je pourrai vous servir une excuse bidon comme quoi je passais devant le cinéma, et il s’est mis à pleuvoir. Ou encore que j’ai raté ma séance et qu’il ne restait plus que Twilight… Mais non, c’est tout à fait de mon plein gré que j’y suis allée, l’état de délabrement de mes fonctions cérébrales ne pouvant supporter plus intellectuel en ce moment.

Bon état d’esprit ou soudaine indulgence, mais je dois avouer avoir pris un certain plaisir à ce dernier volet de la saga. Il m’a paru très court, alors qu’il doit bien atteindre les deux heures, et il est surtout assez rigolo : transformée en vampirette Bella devient un maîtresse-femme, frôlant la dominatrice (voyez comment elle chevauche le bel Edouard qui n’en revient pas), la famille rameute toute une bande de vampires et leur maison se transforme en un véritable bal costumé (en pagne dans la neige, ça doit pas faire chaud quand même) et une belle galerie de freaks. Tout un tas de petit points de détails nous montrent également qu’on a dépassé largement le stade du premier degré, et c’est plutôt bienvenu.

On peut noter aussi que le générique de début est particulièrement beau. La neige et le sang se mêlent, les flocons éclosent comme des fleurs, dans une circulation assez magique. Ce générique, c’est la renaissance de Bella dans sa peau de vampire, et ses sens qui s’affûtent sur les beautés et les cruautés de la nature. Et c’est plutôt joli.

Mais surtout, ce qui étonne c’est à quel point, dans ce 5ème volet, il ne se passe rien. Le film consiste en une longue attente, des préliminaires interminables avant une hypothétique bataille. Rien d’hystérique là-dedans, on prend même le temps de se dire qu’on s’aime, de passer du temps en famille, de faire l’amour et de rassembler les potes. Ca s’étire interminablement, mais sans jamais lasser. Et quand la bataille arrive tout de même, alors qu’on y croyait plus, sa violence éclate, les têtes volent, tout le monde meurt, c’est un carnage. Derrière cette soudaine explosion de l’univers miévro-kitsch de Twilight, on sent une sorte de jubilation de l’extrême, de révolte de l’ado qui pète enfin tout dans sa chambre. Malheureusement, par un twist assez futé, tout revient à la normal, avec une marveilleuse ode à la marveilleuse famille, à l’amûr qui dure toujours, enfin que des trucs qui n’existent pas donc, mais qui enchaînent les faibles esprits d’adolescentes à un idéal de vie aussi con qu’hypothétique.

Je maintiens la dangerosité de la saga sur les cerveaux de notre pauvre jeunesse, mais il faut avouer que, d’un point de vue cinématographique, tout ça est assez malin, avec ses multiples niveaux de lecture, ses motifs récurrents (et obsessionnels), son imagerie, l’évolution des personnages de la naissance du désir sexuel à l’apprentissage de la domination, de la libération de l’individu qui a vaincu sa propre peur et tombe le masque. Sur ce thème, la dernière scène est intéressante : Bella, dont les pensées et les sentiments étaient interdites au pourtant télépathe Edouard, laisse tomber son armure et se dévoile entièrement à celui qu’elle aime. Ouahhh, trop beau. Ca y’est. Je suis mordue.

Chronique film : Twilight – Chapitre 4 : Révélation 1ère Partie

de Bill Condon.

Ouiiiii ! Ca y'est !!!!!!

Au risque de perdre mon lectorat le plus distingué et précieux, et conformément à ma règle de conduite qui m’oblige à écrire sur tout ce que je lis, et vois au cinéma, me voilà donc contrainte d’écrire quelque chose à propos de cet attrape-”adolescentes prépubères”, la saga Twilight.

Après quelques jours passés à Paname, à entendre glousser dans le métro des donzelles toutes émoustillées par la sortie prochaine du nouveau volet de la saga, et me remémorant mes propres amours vampiresques passées (ou presque), j’ai décidé de me pencher un peu sur ce “phénomène”. Bon, globalement, on pourrait comparer Twilight a du décaféiné soluble premier prix sucré à l’aspartame : en apparence, c’est gentil et inoffensif, on boit ça pour son bien, mais sur le long terme, c’est un empoisonnement lent et répétitif (5 épisodes visiblement) au politiquement correct rétrograde.

Dans Twilight, la famille vampire se nourrit de sang d’ours et pas de sang humain (parce que c’est pas bien de tuer des humains, il vaut mieux continuer à massacrer les rares ursidés restant sur cette planète), ils sont gentils comme tout, brillent au soleil, n’ont pas d’odeur, et surtout, pour notre héros, c’est no sex before marriage, monsieur à des principes. Sa fiancée, qui visiblement est un peu en manque, et on ne peut que la comprendre, s’en mordra d’ailleurs fortement les lèvres d’avoir voulu coucher avec son buveur de sang de lapin, dans une scène d’accouchement soft-gore un chouia douloureuse. On se demande comment ce détournement total du personnage du vampire (symbole hypersexuel par excellence, dangereux, cracra) a pu à ce point plaire au public. On n’est très très loin de Murnau, Herzog ou Coppola, loin de Stoker ou même de Rice. L’adolescente cible est probablement à l’image de l’héroïne Bella, gentiment perturbée (parents divorcés, ouh lala pas bien), se sentant un peu en marge (mais pas trop non plus), pas très bien dans ses baskets, et malgré tout un peu effrayée par la transgression.

Les rares scènes de la saga qui pourraient apporter un peu de subversion à tout ça (les poussées suicidaires de Bella suite au départ de son vampire, l’attirance pour son copain le loup-garou qui pue le chien, la tant attendue scène de sexe), sont comme édulcorées, délavées. Les réalisateurs passés derrière la caméra ont visiblement tous eu le même cahier des charges : faire naître les émotions en en montrant le moins possible, utilisant tous les plans de coupe imaginables pour combler les failles. Mais du coup, rien ne fonctionne, on a l’impression de voir défiler devant ses yeux une bande-annonce de deux heures, qui n’a rien à raconter à part son ode à l’abstinence (avant et après le mariage aussi), et son penchant anti-avortement.

La dernière demi-heure de ce quatrième épisode, gentiment gore, laisse peut-être entrevoir une éclaircie dans cette débauche de mélasse puritaine, ainsi que certaines répliques assez drôles amenant à penser que, peut-être, les scénaristes commencent à saturer de tant de sucre sans sucre (“Je n’en ai pas trop fait?” demande la vampirette préparatrice du mariage devant une pièce montée de toute évidence too much, ou encore l’humaine tout à la fin qui se fait bouffer parce qu’elle est nulle en orthographe). On se demande un peu si la plus grande transgression du film, et malgré le problème orthographique, ne serait pas au final le nom de son réalisateur.

Reste maintenant à savoir si je serai assez perverse, masochiste et perturbée pour aller voir le cinquième épisode. Ce qui ne m’étonnerait pas.