Chronique théatre : Elle brûle

Mise en scène Caroline Guiela Nguyen
Textes Mariette Navarro

Personne ne voit rien mais c’est moche. C’est monstrueux. Et en ce moment même, c’est en marche, en mouvement. Ça se multiplie, ça sort de nulle part. Et ça va s’étendre, ne pas arrêter de s’étendre. C’est comme un trou noir, de plus en plus profond, qui grandit, qui se métamorphose. Chaque jour c’est une nouvelle forme, on ne peut jamais l’apprivoiser, on ne peut jamais s’y habituer, tu comprends ? Il n’y a jamais de repos, il n’y en aura plus jamais. Ça a commencé depuis longtemps, avant même qu’on y pense. C’était peut-être minuscule au tout début. Un tout petit dérèglement. Si ça se trouve, ça a commencé dans un moment joyeux. Un étincelle, et l’expansion est lancée, la grande explosion, et c’est en train d’aspirer tout ce qui est vivant. Mais moi je ne veux pas que ça m’aspire, mais moi je veux rester debout.

Je n’avais plus vraiment l’intention d’alimenter le blog en chroniques sur des représentations théâtrales. Mais Elle brûle m’a tellement bouleversée que je ne peux pas m’empêcher de vous en glisser un mot.

ellebruleUn téléphone sonne dans un appartement, Emma ne décroche pas et soudain le répondeur se déclenche. Une voix appelle, pleure, résonne dans l’espace réduit de l’appartement et fait écho à ce qui se joue à l’intérieur d’Emma. Elle brûle, c’est l’histoire de l’ effondrement intérieur d’une femme, d’une famille, une consumation lente et inéluctable d’autant plus tragique qu’elle est sans prise, idiote, quotidienne, banale. Continuer la lecture de Chronique théatre : Elle brûle