Chronique livre : Mourir et puis sauter sur son cheval

de David Bosc.

Sans être tout à fait paranoïaque, je reçois comme des brimades personnelles bien des interdits, (…).

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On se souvient de David Bosc empoignant fougueusement la vie de Gustave Courbet, personnage lumineux et truculent de la peinture française, dans La Claire fontaine. Il revient ici, s’inspirant très librement de la vie d’une artiste espagnole.

Mais la nuit noire que j’aime tant, je sais qu’ils voudront la bannir à jamais, qu’ils combleront les espaces indécis, les zones sans maître ni destination.

On retrouve donc le goût de l’auteur pour la figure de l’artiste. Mais dans Mourir et puis sauter sur son cheval, David Bosc semble avoir choisi la voie de l’ombre plutôt que celle de la lumière. Sonia, l’artiste espagnole, meurt dès les premières pages, en se jetant nue par la fenêtre de l’appartement de son père. Le livre est constitué ensuite du journal de Sonia. La jeune femme est une sorte de double négatif de Gustave Courbet et ses élans de vie incontrôlables ne cadrent pas avec les codes de la société.

Il me semble que d’avoir toujours eu deux ou trois langues atténuait un peu pour moi la tyrannie du langage. Très tôt j’ai reconnu en lui le serpent qui entrave les tout petits enfants.

Sans doute moins immédiatement séduisant que La Claire fontaine, plus sombre, décousu et morcelé, Mourir et puis sauter sur son cheval regorge pourtant de fulgurances, de mystères, de pulsions débordantes, explosant dans  une écriture charnelle et sensorielle, qui, tout comme Sonia, résiste à l’enfermement de la définition et de la classification. Et ça, c’est forcément passionnant.

Ed. Verdier

Chronique livre : La claire fontaine

de David Bosc.

Le paysage tout autour du ventre.

laclairefontaineC’est toujours un bonheur et une grande émotion d’ouvrir un volume de chez Verdier. La légende dit qu’on est conquis dès la première phrase, et La claire fontaine confirme la légende. Le roman raconte (si on peut dire) les quatre dernières années de la vie de Gustave Courbet, après sa fuite d’Ornans et son installation en Suisse. Pour qui ne connaît pas la vie du peintre (et c’était mon cas), le texte de David Bosc est en maints endroits assez abscons, mais la prose est tellement fougueuse et habitée, qu’on serait assez mal avisé de faire la fine bouche. Continuer la lecture de Chronique livre : La claire fontaine