Chronique film : Le temps qu’il reste

d’Elia Suleiman.

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N’ayant pas vu Intervention divine, et me souvenant des critiques élogieuses du Temps qu’il reste lors de son passage à Cannes, c’est avec envie que je suis entrée dans la salle. Et si le début du film a complètement remplie mes attentes, mon intérêt s’est peu à peu effiloché au cours du film, pour reprendre un tout petit poil de la bête à la toute fin.

Le film raconte l’histoire d’une famille palestinienne restée à Nazareth après la création d’Israël en 1948. Le récit est en partie autobiographique, composé d’un prologue magnifique (le chauffeur de taxi, perdu sous un véritable déluge, qui a perdu sa route), et de 4 épisodes chronologiques de la vie de la famille : 1948, l’enfance de Suleiman, son adolescence et aujourd’hui. La première partie, pourtant la moins factuelle puisque Suleiman n’était pas encore né, est vraiment la plus réussie. Retraçant de manière faussement légère la colonisation israëlienne de Nazareth, Suleiman réussit une vingtaine de minutes totalement subversives et poignantes. C’est filmé avec distance et élégance, sans beaucoup de paroles. Suleiman fait confiance à l’intelligence du spectateur et évite ainsi d’être inutilement et lourdement explicite. C’est très très beau.

Malheureusement, plus les âges de Suleiman avancent, et probablement plus ses souvenirs sont nombreux, moins le film réussit à garder cette noirceur et cette profondeur, pour glisser progressivement vers la chronique familiale. L’Histoire retracée au travers d’une histoire de famille devient une histoire de famille sur fond d’Histoire, et c’est nettement moins intéressant, même si très attachant. On saisit alors tous les tics comiques de Suleiman, ses personnages immobiles, présents mais absents comme l’indique le sous-titre du film, finissent par ne plus faire rire, et même un peu agacer. J’irai jusqu’à dire que le film manque globalement de finesse dans ses deux dernières parties, malgré quelques moments vraiment très jolis (le fils qui regarde la photo que sa mère ne veut jamais lâcher et qui représente son père dans l’exacte position que sa mère occupe tous les jours de la fin de sa vie).

Pas une entière réussite donc, mais le film mérite cependant d’être vu, pour son sublime « prologue » et sa très belle première partie.