Chronique livre : Destruction massive – Géopolitique de la faim

de Jean Ziegler

Après l’excellent la Haine de l’Occident, Jean Ziegler nous propose une réflexion sur un domaine qu’il connaît parfaitement, la faim dans le monde. Il dresse tout d’abord un état des lieux de la faim, des institutions qui essaient d’enrayer le phénomène, puis nous fait comprendre les origines de la faim, de démontrer quels sont les responsables, et démêler quelles seraient les pistes pour éradiquer cette plaie.

Très circonstancié, le livre est une démonstration impeccable des tenants et des aboutissants de la faim. Le lecteur, même un minimum averti du sujet, ne peut qu’être scotché par la limpidité du discours de Ziegler, sa manière à la fois simple et extrêmement directe d’expliquer, à base de chiffres édifiants, d’anecdotes en général vécues, et de dénonciations sans aucun détour.

Le livre se perd certes parfois dans le trop-plein d’anecdotes, dont on ne comprend pas toujours l’utilité, mais ça n’est pas bien grave. La lecture de Destruction massive devrait être obligatoire, un livre d’utilité publique.

Ed. du Seuil.

Chronique livre : la Haine de l’Occident

de Jean Ziegler.


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On ne peut pas dire que La Haine de l’Occident soit le cadeau de Noël le plus gai que j’ai eu (en même temps c’était le seul cadeau sous le sapin cette année, ça relativise). Ziegler tente dans cet essai de rechercher les racines de la haine des pays « du Sud » pour l’Occident. Le livre n’est pas là pour déterminer qui sont les bons ou les méchants, mais bien d’essayer de débusquer l’origine, les origines des rancœurs et donc des points de blocages actuels dans bon nombre de discussions internationales. Le livre peut donc paraître très partial, mais c’est son principe même.

Et il faut avouer que Ziegler réussit parfaitement à mettre le doigt là où ça fait très mal : de l’esclavage à la colonisation, du cynisme éternel de l’Occident dans l’application des Droits de l’Homme, à sa mainmise sur les richesses des pays du Sud, la liste est longue, hérisse, choque, bouleverse, écoeure. On ressort de là complètement chamboulé, en regardant notre petit confort occidental d’un oeil suspicieux. Le point culminant du livre est sans nul doute le chapitre sur le Nigeria, un des pays potentiellement les plus riches d’Afrique grâce à ses ressources pétrolières importantes, mais dont la population crève de faim et de trouille. Les richesses phagocytées par les grandes compagnies pétrolières occidentales et la junte militaire, la destruction écologique du delta du Niger, l’insécurité affolante, le portrait est très noir, et il faut avouer qu’il laisse peu de piste d’améliorations. Le chapitre suivant, sur la Bolivie et l’élection, pour la première fois, d’un président d’origine indienne, ouvre une petite porte d’espérance, sans pour autant permettre le retour à un optimisme béat.

On pourra judicieusement compléter la lecture de La Haine de l’Occident par « L’esclavage, un sujet qui fâche« , dossier du magazine Historia de Janvier 2009, actuellement en kiosque. Pour ne pas oublier.