Chronique livre : La Guerre et la Paix

de Léon Tolstoï.

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Ahhh tu fais le malin ?
Dis moi de quel film est tiré ce photogramme.
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Yipiha, me voilà enfin venue à bout de La Guerre et La Paix après de multiples tergiversations. Non pas que le roman soit barbant, bien au contraire, mais il y a là une pavasse tout de même très conséquente. J’avoue me sentir beaucoup plus à l’aise dans l’univers de Tolstoï que de Dostoïevski : plus romanesque, frontal, moins psychologique et torturé, même si je reconnais que le style de Tolstoï, pas aussi flamboyant que celui de Dostoïevski, est essentiellement tourné vers l’efficacité.

Car c’est une des qualités premières de ce livre : il est bougrement efficace. Malgré ses 1500 pages, ses dizaines de personnages, ses multiples rebondissements, on n’est jamais perdu. Grâce à un art du portrait incroyable, Tolstoï réussit à donner vie à tous ses protagonistes, même les plus minimes. On oublie alors la complexité des noms russes pas toujours simples à mémoriser pour reconnaître tel ou tel personnage par un détail qui l’identifie d’un seul coup d’oeil. Telle princesse a la lèvre ourlée, telle autre un sourire radieux. Tel prince baisse le bras gauche, tel autre a le regard perdu. Le système peut paraître répétitif, mais permet donc de ne pas s’interroger en permanence sur le qui est qui. Se débarrassant par conséquent d’une des grandes difficultés des grandes épopées, Tolstoï réussit à déployer sa version de la période 1807-1812 avec un extraordinaire ampleur. Il effectue un va et vient constant entre scènes de guerre et scènes de la vie civile, permettant de donner visage humain aux soldats et autres chefs de guerre dont nous croisons la route.

Loin de glorifier les victoires militaires, Tolstoï fait preuve d’une grand lucidité dans ses descriptions, sans concession. Il minimise le libre-arbitre, et conçoit l’Histoire avec déterminisme. On retient de tout ça l’immense talent de Tolstoï pour raconter l’Histoire et lui donner un visage humain. Passionnant. Un classique.