Chronique film : Teeth

de Mitchell Lichtenstein.


Plus, un clic sur la photo.

Héhé voilà un film beaucoup plus finaud qu’il n’y paraît. Hésitant entre l’esthétique du film indépendant US, la comédie adolescente et le film gore, Teeth est un machin bougrement malin et méchamment poilant.

Dawn est une adolescente crispante, rayonnante et saine qui prône l’abstinence dans un club de son bahut. Son frère (qui ne l’est pas par le sang), a pris le complet contre-pied de sa soeur. C’est une espèce de monstre shooté, baiseur (par derrière uniquement, on se demande pourquoi …) et grunge. Tout va pourtant pas trop mal, jusqu’à ce que Dawn tombe amoureuse de Tobey, abstinent comme elle, et que leurs hormones se mettent en ébullition.

Dès la première scène, on est à la fois pliés en deux et assez fascinés (l’intro est à tomber, la caméra semble balayer un poster : on aperçoit d’abord de la verdure, puis des tours de centrale nucléaire pour finir sur une maison, dans le jardin de laquelle une famille, les parents sur des chaises longues, des mioches gigotant dans une piscine gonflable). Le film est vraiment très drôle, même si pas toujours d’une finesse extrême. Pourtant le fond est assez sombre : à part les parents de Dawn, peu de personnages sont épargnés : coup de griffe à l’Amérique puritaine, nucléaire, hommes violeurs, violents, menteurs, lubriques, gynécologue pervers (petites, méfiez vous quand un gynécologue essaie de tester votre « élasticité ») le tableau n’est pas glorieux. Une vraie noirceur se dégage de la farce, d’autant plus que dans le genre « affres de l’adolescence », le film est autrement plus mordant que, euh, mettons Juno, par exemple.

Parce que voyez vous, la sage Dawn (très bien l’actrice, dans un rôle méga casse-gueule), après avoir été violée par l’abstinent Tobey, découvre qu’elle est atteinte d’une « mutation », un « vagina dentata », qui n’est autre qu’une mâchoire au fond du vagin, qui sectionne tout ce qui passe à sa portée quand elle se sent menacée. La malformation (conséquence de la centrale nucléaire ? adaptation finale à un milieu masculin pervers ?), évidemment laisse place à quelques scènes gores réussies (la frontale scène avec le gynéco), d’autres moins, mais l’ensemble se tient cependant miraculeusement bien.

Je vous l’accorde, c’est pas forcément de bon goût (messieurs, évitez les capotes bleu piscine), la métaphore sur la peur du passage de l’enfance à l’âge adulte n’est pas subtile, mais il y a de l’intelligence, de la malice, et du désespoir là-dedans. Il y a fort à parier que Mitchell Lichtenstein n’a pas forcément vécu une adolescence miraculeuse. Très bon moment.