Chronique livre : Watership Down

de Richard Adams.

watershipdown

Pour être tout à fait honnête, je ne misais pas grand chose sur cette histoire de lapins. C’est un peu trop mignon les lapins et à part courir au-devant des phares de voitures, c’est plutôt ennuyeux. Même dans l’assiette ça ne m’a jamais affolée. Alors franchement une histoire de lapins, sans illustration en plus, on a un peu passé l’âge, non ?

Eh bien il faut croire que non. Parce qu’une fois qu’on a commencé à y mettre le museau, pardon le nez, c’est assez difficile de s’en détacher. Watership Down c’est l’histoire d’une bande de lapins en fuite, en quête d’une nouvelle garenne où s’installer. Mais à hauteur de lapin, il faut avouer que le monde est plutôt différent de celui dans lequel on vit. A la fois plus effrayant (ouhhhh le renard, derrière toi !), mais aussi beaucoup plus enchanteur (c’est aussi magnifique que ça une saponaire recouverte de rosée ?!?). C’est un monde qui a ses langues et ses codes, ses légendes et son organisation. Grande réussite que de n’avoir pas poussé l’anthropomorphisme à l’extrême, mais avoir su créer une ambiance lapin originale, des personnages au caractère et aux moeurs lapin. Le récit s’adapte au rythme des boules de poils, tout en accélérations fulgurantes, en longues pauses contemplatives ou stupéfiées. Les réactions des lapins sont rarement celles auxquelles on s’attend et ça a un charme fou.

Sur le fond, les interprétations peuvent être multiples. Eloge de la fuite et du collectif, dénonciation des régimes totalitaires, roman d’apprentissage et du respect de l’autre, mais également récit écologiste ou plutôt description énamourée de la « petite nature ordinaire », on trouve à peu près tout ce que l’on souhaite dans ce récit, transformant ainsi une histoire de lapinous aventureux en  fable universelle. En ces temps de montée de la haine et de la bêtise, je dois avouer que tout cela fait un bien fou. Alors vous savez quoi ? Pour Noël, ne cherchez plus, offrez une garenne ! Plaisir d’offrir, joie de recevoir (en plus il n’est pas cher).

Faites que ce livre n’arrête pas de courir de sitôt !

Trad. Pierre Clinquart (remise au goût du jour et c’est hyper beau)
Ed. Monsieur Toussaint Louverture (c’est comme toujours un très beau livre, merci)

(PS : il paraîtrait qu’une carte de Watership Down venait compléter certaines éditions de l’ouvrage, elle n’y est pas ici, mon coeur saigne un peu, j’adore les cartes).