Chronique film : La Zona

de Rodrigo Pla.

La Zona est le film le plus triste et désespéré que j’ai vu depuis longtemps. Sous ses dehors de film de genre (anticipation d’un futur très proche, polar ?), la Zona fait finalement un état des lieux du monde et de la direction dans laquelle il va. C’est pas peu.

Trois gosses des bidonvilles de Mexico pénètrent par effraction dans une zone résidentielle luxueuse et ultra sécurisée. Les résidents ont la gâchette facile et tuent 2 des gamins en « légitime défense ». Le troisième réussit à s’échapper… mais pas à sortir de la « zone ». Il se trouve enfermé dedans, traqué par des millionnaires paranoïaques et adeptes de l’auto-défense .

Le constat est glacial d’un monde inexorablement coupé en 2 par un mur et des barbelés. Il n’y a pas grand chose à sauver, et aucun des deux côtés du mur n’est épargné. A l’intérieur de la zone, c’est le protectionnisme, l’immonde cruauté des gens dont l’argent fait qu’ils peuvent tout se permettre. On a envie de hurler devant tant de cynisme, tout en se rendant bien compte que ces méthodes existent déjà, et que ce n’est en rien de la SF. A l’extérieur de la zone, le monde est corrompu, et ne désire qu’une chose, c’est arriver à sucer le fric des richards de la zone.

La force du film c’est de réussir à contrebalancer cette dichotomie par quelques personnages plus ambigus, et assez finement dessinés. L’image est intéressante, un peu « luisante » et très sombre, et la musique, noire et profonde apporte une vrai plus. Là où ça pêche un peu, c’est du côté de la mise en scène, assez souvent « série-tv » (j’ai pas mal pensé à Dark Angel par exemple). On imagine ce qu’aurait pu donner un tel sujet réalisé par un maître de la mise en scène, et la meilleure utilisation des caméras de surveillance par exemple, qui reste vraiment très sage et peu inventive ici.

Reste un film OVNI, courageux, dont la forme sert à porter un vrai message politique et un cri d’alerte sur l’évolution de la société. Bien bien.