Chronique film : Home

d’Ursula Meier.

Une famille (père gentil et travailleur, mère au foyer bizarre, ainée superficielle, cadette intelligente et benjamin mignon) vit dans une maison pourrie au bord d’une autoroute pas encore en service. Leur vie bascule lorsque des milliers de voitures se mettent à défiler sous leurs fenêtres.

Bon, Home passerait totalement inaperçu s’il n’y avait cette flopée de critiques dithyrambiques et assez incompréhensibles. C’est vrai que Meier convainc assez dans les premières minutes de son film : scènes jolies de bain en famille, caméra au plus près des corps, situation absurde de cette maison isolée près de cette autoroute fantôme, ballet très chorégraphié des jambes oranges de ces ouvriers qui apportent le malheur à la famille. Mais dès que l’autoroute entre en service, le film tente de prendre un tour plus tragicomique assez catastrophique. Meier essaie de raconter quelque chose, et elle le fait de manière sérieuse et appliquée. Le film devient très concerné, le seul souci c’est qu’on ne sait absolument pas par quoi : névroses familiales ? angoisses profondes ? conte enfantin ? Pas moins de 5 personnes au générique pour écrire ce scénario qui veut de toute force nous imposer une histoire, et qui finalement ne raconte absolument rien.

Visiblement fascinée par son actrice, Meier multiplie les plans sur Huppert, les yeux dans le lointain, et une belle lumière dans ses cheveux roux, Huppert les yeux pleins d’angoisse et on se demande si elle ne va pas péter un plomb… Cette fascination est d’autant plus gavante qu’on a connu Huppert (un peu vieille pour le rôle) largement plus inspirée et qu’elle tire là vraiment le minimum syndical. Gourmet s’en sort beaucoup mieux, heureuse de le voir ailleurs que chez les Dardenne, sa présence monolithique, rassurante, quasi-animale est la seule vraie bonne surprise du film.

Home a des grandes ambitions, se prend très au sérieux et se veut valsant entre poésie noire et surréalisme absurde, mais tout ça n’est qu’un leurre destiné avant tout à plaire. Point de réelle audace ici, tout juste une façade de non-conformisme. Il suffit d’ailleurs de prêter attention à la bande-son, jolie mais totalement bâteau : Brahms, Bach et Nina Simone, que du lourd bien balisé. Bref grosse déception pour cette fable qui n’est pas sans savoir-faire, mais bien sans sincérité. Au suivant.