de Virginia Woolf.
On change de point de vue, on inverse les valeurs.
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Ah mes amis, c’est pas simple la vie de cabot, même dans la haute société londonienne du XIXème siècle. Courte et légère entracte après l’énorme et sublime Chant du Bourreau de Norman Mailer, Flush : une biographie est une petite bonbonnaille mignonne comme tout. Pas de quoi non plus grimper au rideau, mais l’écriture sculptée de Virginia Woolf est fort belle et taquine.
Dans Flush, elle narre l’histoire du cocker pure race d’une de ses amies poétesses. Elle tente de se placer au niveau du chien, en évitant le plus possible tout a
thropomorphisme. Ca ne fonctionne pas toujours (on sent l’écrivain en train de se forcer à écrire à hauteur de cabot), mais du coup c’est assez rigolo de voir comment Woolf se projette dans la psychologie (!) toute canine de Flush : le monde devient alors odeurs, dessous de table et frôlements de jupes. Mais ce portrait léger est pourtant l’occasion pour Virginia Woolf de lancer quelques coups de pattes à l’establishment londonien du XIXème siècle : la société canine à l’image de la société humaine est scindée entre deux extrêmes (les pauvres/chiens bâtards et les riches/chiens de race), et ce clivage entraîne la violence (Flush se fait kidnapper pour quelques livres de rançon).
Mais c’est surtout sur la manière dont Flush accepte sa domestication, son enfermement pour l’amour de sa maîtresse qui est assez émouvant. Il abandonne volontairement sa nature de cabot des champs, son moi de cocker profond, pour accepter l’emprisonnement d’une chambre close empestant l’eau de Cologne. Et tout ça pour l’amour (fluctuant) d’une femme en manque affectif. Joli, et un peu triste aussi.