Chronique film : Moorise Kingdom

de Wes Anderson.

J’étais un peu en froid avec Wes Anderson depuis le médiocre The Darjeeling Limited. Moonrise Kingdom rattrape largement les faiblesses de son grand frère. Dès les premiers plans, de longs travellings donnant à voir l’intérieur d’une maison qu’on pourrait croire de poupée, on reconnaît la patte de Wes Anderson. Certes, le cinéaste reste dans les chemins bien balisés de son univers miniature et monomaniaque. Mais en choisissant pour la première fois le point de vue de l’enfance, Anderson touche quelque chose de très joli, très pur, et assez émouvant.

Soit un île isolée au large de la Nouvelle Angleterre, sur cette île, une maison et dans cette maison, une famille (oh surprise !) dysfonctionnelle. Suzy, la fille aînée de 12 ans, mouton noire de la famille a l’oeil charbonneux, et le vague à l’âme. Sur cette île, un camp scout, et dans ce camp, Sam, mouton noir binoclard et orphelin. Entre ces deux gamins, le temps d’une soirée de spectacle scolaire, Suzy déguisée en corbeau de l’Arche de Noë, tombe amoureuse de Sam, et inversement. Un coup de foudre dans les règles de l’Art, comme ça n’arrive qu’au cinéma. Un an plus tard, après d’incessants échanges épistolaires, Suzy et Sam décident de s’enfuir. Les deux amoureux sont alors poursuivis par l’île entière. Et au loin, la tempête gronde.

Wes Anderson fait du Wes Anderson. Qu’on ne s’attende pas à un bouleversement de son style, un dévérouillage de son système malgré la montée de sève fraîche qu’il nous propose. Non. Wes Anderson fait du Wes Anderson, et il est peu probable qu’il change un jour. Par contre, on sent un travail tout particulier sur le rythme (élément qui manquait tout particulièrement dans The darjeeling limited si je me souviens bien), et ce montage au taquet compense efficacement la rigidité du style.

Outre tout un tas de petits bidules mignons et rigolos comme tout, Moonrise Kingdom réussit à toucher grâce à la naissance de cet amour. Le film pourrait être l’illustration parfaite de la chanson de François Hardy, la préférée de Suzy, Le temps de l’amour. Le film n’a d’autre ambition que de raconter cette période charnière de la pré-adolescence, lorsque les corps se forment aussi vite que les sentiments. Le film a d’ailleurs été interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis, ce qui serait hilarant, si ce n’était aussi désolant.

Moorise Kingdom ne révolutionnera certes pas le cinéma, mais on passe vraiment un très joli moment, bien ficelé, émouvant, et sincère derrière le décorum andersonnien. Et puis reconnaissons qu’Alexandre Desplat compose une très très jolie partition, de quoi faire (presque) oublier ses récentes errances musicales.

Chronique film : A bord du Darjeeling limited

de Wes Anderson.

Un petit rébus vachement dur :

C’était mon week-end « Anderson », après l’énorme « There will bu blood » de P.T. Anderson, voilà le tout petit « The Darjeeling limited » de son homonyme Wes. S’il fallait résumer le film en un mot, ce serait : « Bouarf ». Mais bon, je sens qu’il faut que je développe un peu.

Pourtant assez fan de ses précédents films, La famille Tenenbaum, et surtout sa tordante « La vie aquatique« , The Darjeeling limited, m’a laissé de marbre, avec une furieuse envie de piquer un petit somme dans les confortables fauteuils de velours rouge.

Trois frères séparés par la vie, partent en pèlerinage mystique dans un train indien, afin de rejoindre leur mère devenue bonne soeur sur les contreforts de l’Himalaya. C’est absolument cousu de fil blanc, il ne se passe pas grand chose, et tout l’intérêt repose sur le jeu inexpressif des acteurs. Malheureusement, n’est pas Bill Murray qui veut et ces trois là ne lui arrivent pas à la cheville. Ils finissent par être gavants de non-jeu : « oohhh spectateur, regarde comme je suis un acteur décalé de cinéma indépendant décalé ». Ben ça ne fonctionne pas. L’apparition d’Anjelica Huston à la fin du film apporte une petit lueur d’espoir, voilà enfin un oeil qui pétille. Malheureusement, elle se casse au bout de 5 minutes pour fuir ses trois imbéciles de fils. Comme on la comprend, et comme on l’envie.

A part ça, le film est joli comme tout dans ses cadres, ses couleurs, mais 1h47 pour une carte postale de voyage c’est un chouia long. Voilà. On retiendra la renversante présence de Natalie Portman dans le court-métrage prologue au film, la brève apparition d’Anjelica Huston et les jolies couleurs de l’Inde… le reste, faut vite effacer.

La réponse au rébus :