Chronique film : Loft

(2007) de Kiyoshi Kurosawa

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Pour une provinciale pure souche(s), il y a quelque chose d’assez savoureux à se trouver en la capitale, et à aller voir un film diffusé dans une seule salle française, une seule fois par jour. Durant la projection de Loft, nous étions 4, dont une carte de presse qui n’a pas arrêté de gribouiller ses savantes idées sur des bouts de canards gratuits, un fan du cinéma nippon, que j’ai, au premier abord confondu avec un Pokémon, et un gars, qui visiblement s’attendait plus à voir l’adaptation cinématographique de Loft Story qu’un film de fantômes japonais.

Dans Loft, une jeune écrivain, pleine d’avenir, mais sans inspiration, part se ressourcer dans une bicoque croulante et grinçante au fin fond de la campagne. Je dis campagne, m’enfin, elle habite juste à côté d’un incinérateur. Pas beau, mais finalement pas inutile. Dans cet îlot de verdure, bouillasse et dioxine, il lui arrive pléthore de trucs méga flippants, qu’elle prend relativement bien, comme quoi, le zen, ça marche pas si mal.

La 1ère partie du film est de toute beauté. Tout d’abord grâce à son actrice, Miki Nakatani, vraiment jolie tout plein, sans être potiche. Elle remplit le début du film de sa présence, et transforme la langue japonaise en une rivière de miel. Ce début de film est donc très mystérieux, composé de micro-événements, et d’une mise en scène fantastique. Rythme lent, interrogations multiples, jeux de voiles, de miroirs, de fenêtres et de bruits, c’est une très belle partition. On ne comprend pas grand chose, mais c’est encore meilleur, l’inexpliqué est toujours ce qu’il y a d’angoissant. Réflexions sur la féminité, sur la vieillesse, sur le manque d’inspiration, sur l’amour, et le besoin de l’autre, les pistes sont nombreuses pour tenter de dénouer la bobine.

Malheureusement, vers son milieu, le film subit un revirement assez étonnant, pour sombrer dans le bavard et l’explicatif. Exit donc le mystère, on a droit à la totale, flash-back maladroit (et surtout maladroitement positionné dans le déroulement du film), embrassade sur fond de violons, second degré à fond (enfin j’espère…), le film perd toute sa poésie et une grande partie de l’intérêt qu’il avait réussi à susciter jusque là. Les longs dialogues sont vraiment mauvais et assez mal joués, ils sonnent creux. Ce changement brutal est très étonnant, et si je n’avais lu récemment que K. Kurosawa considérait Loft comme son film le plus personnel, j’aurai été tentée de parler d’un mauvais « producteur’s cut » (en franglais dans le texte). Reste l’image de fin, assez rigolote, mais loin d’être à la hauteur de la première partie.

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2 réflexions au sujet de « Chronique film : Loft »

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