Chronique film : Invictus

de Clint Eastwood.

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Un ballon de rugby ne reste pas longtemps solitaire.
Clique avant la ruée. 

Clint Eastwood prouve encore une fois que simplicité n’est pas synonyme de simplisme. Invictus est magnifique, car magnifiquement lumineux, évident. J’ai passé 2h entre rire et larmes (certes ma super sinusite a particulièrement exacerbé la partie larmes). Sur un sujet vraiment casse-gueule (si, si, avouez), l’élection de Nelson Mandela et la façon peu orthodoxe qu’il utilise pour unifier l’Afrique du Sud, un des pays, si ce n’est le pays le plus clivé des années 1990. C’est en soutenant l’ascension spectaculaire de l’équipe de rugby sud-africaine, les Sprinboks et leur conquête de la coupe du monde en 1995 que Mandela pose la première pierre de la difficile mission qu’il s’est fixé, construire une nation soudée, où les discriminations et préjugés réciproques s’effacent.

Sous l’aspect un peu « anecdotique » de cette méthode, et derrière le lissage (inévitable ?) du film, qui omet quelques détails sur cette finale 95 qui ont cependant leur importance, Eastwood arrive cependant à réaliser un film très profond, et d’autant plus efficace que le bougre sait parler au coeur et aux tripes des gens pour mieux leur agiter les neurones. Et le parallèle avec la méthode de Mandela (impeccable Morgan Freeman, mais on en attendait pas moins de lui) est frappante : Eastwood/Mandela, même combat, où comment utiliser ce qui fait vibrer les gens pour mieux réveiller les consciences, l’art et le sport, deux « disciplines » a priori futiles, inutiles, sans bénéfice matériel, et pourtant d’essentiels facteurs d’évolution des mentalités. D’ailleurs Mandela utilise également l’Art, la poésie, pour réussir à rester debout durant sa détention notamment. Et il partage ce poème, ce socle (Invictus de William Ernest Henley dont je vous conseille vivement la lecture) avec le capitaine de l’équipe de rugby.

Partage, générosité, connaissance mutuelle, voilà les valeurs avec lesquelles Mandela dirige. Il force les joueurs de l’équipe à réaliser une tournée dans les quartiers sud-africains : mal perçue au départ par les joueurs (qui auraient préféré se ménager avant le tournoi), cette tournée sera pourtant la source de leur force. Très beaux plans que ceux de ces culs blancs à l’abri dans leur bus qui traversent et découvrent les quartiers miséreux de leur pays. Médiatisée (Mandela prône la paix, mais a bien les pieds sur terre), cette tournée va souder derrière l’équipe tout un pays, et va ancrer l’équipe dans la réalité d’un pays. Et c’est par le collectif, au sein de l’équipe, autour du stade et aussi en dehors, que cette finale va devenir un moment historique, symbolique de la réconciliation d’un peuple.

On sent chez Eastwood une véritable fascination pour Mandela, un respect immense pour son combat, son parcours, sa force de conviction, sa grande sagesse sans naïveté. Très beau plan en clair-obscur de Mandela habillé en blanc, travaillant dans son bureau plongé dans l’obscurité. Un ange blanc qui se détache de l’obscurantisme : cet homme là a dépassé toutes les petitesses humaines pour atteindre une sagesse lucide et éclairée. Il n’est pas facile de pardonner, c’est un chemin long et douloureux. Atteindre une telle grandeur d’esprit, après avoir vécu le pire, tout en restant intrinsèquement tourné vers les autres est immense. Et pourtant il n’est qu’un homme, comme nous le renvoie sa fille rancunière.

La caméra d’Eastwood est très souple, féline, tout le long du film. Evidente. Et faire simple n’est pas simple. Et même si, comme d’habitude, je déplore son goût pour la musique sirop, et les ralentis un peu too much, Invictus est un sacrément beau moment, qui touche là. Profondément.

Une réflexion sur « Chronique film : Invictus »

  1. « MUSIQUE SIROP? »

    Ma petite Anne,
    Ca faisait longtemps que je n’avais pas visité ton super- blog-bien-fourni et comme je suis allée voir invictus,1ere sortie ciné depuis….la grande vadrouille(!!), je me suis demandée si tu l’avais vu et ce que tu en avais pensé.
    Moi j’ai adoré: tout, l’histoire, l’Histoire, les acteurs, et surtout la musique, et même que j’étais pas la seule parce que les 300 personnes de la salle sont comme moi restées scotchées à leur fauteuil jusqu’à la dernière note du générique, chose plutôt rare tu en conviendras!!

    Posté par Fanny, 10 février 2010 à 17:15

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