de Steven Spielberg.
Amis de l’amidon, repasseuses, gallinacés et maïsiculteurs, ce film est fait pour vous. Lincoln retrace l’itinéraire de Lincoln, durant les quelques mois précédant la fin de la guerre de Sécession. Page historique et fondatrice des Etats-Unis, Lincoln décortique les manipulations politiques du président qui, en parallèle, veut faire adopter le 13ème amendement de la constitution américaine, et mettre fin à plusieurs années de guerre. Le film est donc essentiellement constitué de discussions entre républicains, conservateurs ou radicaux et démocrates.
Pour le spectateur français, moyennement au courant, tout ça est un petit peu touffu et bavard. Mais c’est surtout la mise en scène, d’une sagesse de livre d’images qui ne réussit jamais à convaincre. Tout ça est très illustratif, et Spielberg n’arrive pas à tirer profit de ses acteurs, un plutôt bon Daniel Day Lewis, pas trop engoncé, et surtout un excellent Tommy Lee Jones, tiraillé entre son cœur et sa raison.
L’image est belle, assez uniformément sombre, mais avec quelques jolis clairs-obscurs qui font énormément penser à du Clint Eastwood. Le problème c’est que ça ne décolle jamais. Les personnages sont pris dans une tourmente, entre leur intégrité et les concessions et manipulations qu’ils mettent en œuvre pour arriver à leurs fins. Jamais la mise en scène ne réussit à faire passer ça. Lincoln & co ne sont que de pâles figurines de papier glacé, sages et dépourvues de corporalité.
Pas grand chose à dire donc sur ce film bien fait, évidemment, mais beaucoup trop scolaire. Je préfère encore Spielberg quand il réalise des choses plus modestes et moins abouties, comme son Cheval de Guerre, mais pleines de vie et de souffle.