Chronique livre : Encres de Chine


de Qiu Xiaolong

Deuxième livre de Qiu X. qui me tombe entre les mains. Ses bouquins sont à classer dans la catégorie « polars chinois ». Pour vous expliquer un peu l’ambiance, on est beaucoup plus près d’un Maigret que d’un 24h Chrono. Un Maigret petit et fluet, fumeur de cigarettes au lieu de pipes, mais aimant tout autant la bouffe. Le commissaire est poète, et la notion d’urgence est très relative pour lui.

Il faut bien avouer que ses priorités vont surtout à l’appart que son chef lui a promis et lui passe sous le nez (vous allez me dire, à Shanghaï, le logement, c’est quand même un méga problème quand on a pas de pépettes), à la traduction-complémentdesalaire qu’un riche promoteur douteux lui commande, à la « petite secrétaire » sexy qu’on lui prête, aux bols de nouilles et à la poésie. Et oui, car le commissaire est poète… tout est prétexte à se remémorer un petit quatrain bancal (effet de trad ? j’en doute ), et opaque, ou même carrément ridicule (ben oui, j’avoue, je suis hermétique, mais c’est ça qui fait le charme aussi).

Bon dans tout ça, vous allez me dire « et l’enquête ? ». Ben à vrai dire, on s’en fiche un peu. Les bouquins de Qiu X. sont surtout des prétextes à décrire une atmosphère assez peu commune, sur un contexte historique, politique et économique très particulier et très fort (c’est quand même pôs la franche rigolade la Chine, y’a pôs à dire). Si « Mort d’une héroïne rouge » m’avait vraiment scotché, je me suis laissée porter gentiment par ces « Encres de Chine » (quel titre nullissime tout de même), en territoire déjà connu, mais bien agréable.

Chronique livre : Divers polars

Vous allez croire que je ne lis que ça, mais tant pis, je prends le risque ! Je n’ai pas envie de vous faire de très longues critiques de mes dernières lectures, mais juste un petit message pour vous parler en vitesse de mes quatre derniers coups de coeur en polar. Quatre polars, quatre styles totalement différents.

Tout d’abord, Droit de Traque d’Hubert Corbin (Livre de Poche). Un jeune délinquant noir se retrouve perdu au milieu de beaufs blancs et chasseurs de l’Ouest américain. Un crime est commis, il est un bouc émissaire idéal. Il réussit à s’échapper, et la traque commence. C’est trash, cruel, et haletant. Ca sent la sueur, la poussière et les instincts primitifs. Âmes sensibles s’abstenir !

Soul Circus, de George P. Pelecanos (Points) est une histoire très sombre dans le milieu des dealers des quartiers noirs de Washington. C’est un peu rugueux, pas forcément très facile d’accés. Mais passées les 30 premières pages, on se retrouve happé par ces multiples histoires, bousculé aussi, 95% des personnages sont noirs, et on n’a pas l’habitude, ça fait du bien !

Lincoln Lawyer (La Défense Lincoln) de Michael Connelly (Seuil)…Ahhhh Michael Connelly, un des rares auteurs dont j’ai lu tous les livres, dont j’attends avec impatience les nouveaux opus, bref, dont je suis accro ! Avec cette histoire, Connelly surprend et change de cap. A la place de ses héros récurrents habituels, on rencontre ici Mickey Haller, avocat frimeur, et à la moralité légère, qui se trouve pris dans une tourmente dont il se serait bien passé. C’est brillant, jouissif, bien écrit (en V.O. en tous cas). Bref, du grand Connelly. Si vous ne connaissez pas cet auteur, n’hésitez surtout pas à vous plonger dans son univers, de préférence dans l’ordre chronologique.

Last but not Least, Shutter Island de Dennis Lehane (Rivages/Noir). Alors là, j’en suis encore sans voix. Ca démarre comme un polar classique, qui lorgne vers l’ambiance d’un film d’horreur. Dans les années 50, deux marshals doivent enquêter dans une île-prison-hôpital-psychiatrique, sur la disparition mystérieuse d’une pensionnaire de l’établissement. Je n’en dirai pas plus, juste que le dénouement est un des plus incroyables et inattendus que j’ai jamais lus. D’habitude, j’ai pas mal d’intuition, mais là je me suis fait avoir comme une bleue ! Et pourtant, en y repensant… mais chuuuuut, je préfère que vous le lisiez !

A noter également que Michael Connelly et Dennis Lehane, ont tous les deux vu un de leurs ouvrages (Créance de Sang, et Mystic River) portés à l’écran… par Clint Eastwood ! Si ce n’est pas un gage de qualité ça !