Chronique livre : La porte des Enfers

de Laurent Gaudé.


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Un gars qui aime autant l’Italie ne peut pas être mauvais. La porte de Enfers de Laurent Gaudé est une très bonne surprise après un recueil de nouvelles qui ne m’avait qu’à moitié convaincue. Dans les rues de Naples, un père tire son fils par la main pour ne pas arriver en retard à l’école. L’enfant implore à son père une pause. Son père refuse. Une fusillade éclate soudain, et tue l’enfant. Cette mort brutale fait basculer la vie de la famille. Giuliana, la mère maudit la terre entière, et demande vengeance à son mari, lui doit vivre avec la culpabilité d’avoir été brutal avec son fils juste avant sa mort.

C’est peu dire que La porte des Enfers est efficace. Ca se lit dans un souffle tellement la construction est intelligente. C’est rapide, saucissonné en chapitres et sous-chapitres qui font qu’il est bien difficile de poser le livre. L’écriture de Gaudé est toujours belle, simple, composée de phrases courtes qui ne manquent pourtant pas de souffle. On sent le roman incroyablement sincère, rempli de blessures réelles romancées. Gaudé réussit surtout le personnage du père, écorché, capable de tout pour son enfant. Le personnage de la mère, dont la douleur se manifeste de manière très lyrique est également intéressant. C’est bien là l’Italie et ses croyances, ces mauvais sorts et ses malédictions païennes. On peut regretter que le passage central du bouquin, la descente aux Enfers, soit assez maladroit. On sent le gars assez peu à l’aise avec les scènes d’action fantastiques de ce type-là, et c’est vraiment dommage car l’univers qu’il tente de créer est intéressant, bourré de références littéraires et picturales. Mais le truc n’y est pas, c’est trébuchant au niveau de l’écriture.

Reste que le livre est beau est émouvant. Et j’aime assez cette idée de porosité entre le monde des morts et des vivants, cette idée qu’on garde un peu des morts en nous, mais que surtout, les morts emportent avec eux un peu de nous, aspirant de notre vie vers les tourbillons des Enfers. A chaque mort connu, on meurt un peu aussi. Oui, ça, ça me parle.

Chronique livre : Dans la nuit Mozambique

de Laurent Gaudé.

Voilà un bien joli recueil de nouvelles, qui, sans me faire hurler au génie, m’a reposé après Giono et Beckett. Composé de quatre histoires, très bien écrites, bien tenues (la forme courte permet à Gaudé de ne pas se diluer sur la longueur comme dans « Le soleil des Scorta« ), le ton est tour à tour fantastique, nostalgique et cruel. Contrairement au confrère bloguien de Shangols, j’ai été beaucoup plus convaincue par la première et surtout la troisième histoire, plus fiévreuses et heurtées, qui réussissent à maintenir une tension palpable. La seconde, et la dernière, plongeant dans une nostalgie, certes pas mièvre, mais un peu vaporeuse se lisent un léger sourire aux lèvres, mais sans passion non plus. On admire le savoir-faire de Gaudé, cet homme-là sait écrire, c’est certain, manque juste parfois un poil de sel.