Chronique livre : Demande à la poussière

de John Fante.


Pour éternuer encore plus, clique.

Arturo Bandini a quitté sa cambrousse natale et s’est installé dans un petit hôtel de Los Angeles pour devenir écrivain. Orgueilleux, vantard, méprisant, c’est plutôt un sale personnage. Mais quand il tombe amoureux d’une serveuse indienne, Camilla, encore plus cinglée que lui, la carapace de l’imbuvable petit avorton se fendille un peu, et révèle un gars pas assez sûr de lui, maladroit, terrifié par les filles, et par le monde extérieur en général.

Si le roman commence un peu mollement, le personnage (quasi-autobiographique) et le propos de Bandini étant par trop déplaisants, l’histoire décolle vraiment quand il s’entiche de Camilla. Entre joutes verbales, cerveau tourneboulé, impuissance, Bandini/Fante se révèle : pitoyable et odieux, mais attendrissant par sa maladresse.

La modernité du sujet et de la langue sont vraiment bluffantes, Demande à la poussière a été écrit en 1939, on lui donnerait facilement 20 ans de moins. Pas étonnant que Fante ait influencé Bukowski : même liberté de ton, même type de héros navrant et paumé. Ca sent la sueur et la poussière urbaine, la dèche et le désespoir. Le passage du tremblement de terre est vraiment formidable, Bandini survivant est soudain pris d’une crise (très passagère) de mysticisme tout en racontant effrontement à qui veut bien l’entendre qu’il a sauvé des vies… Dérisoire, et humain, un bien beau bouquin.

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