de Charles Juliet.
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Moins consistant que Rencontres avec Bram Van Velde, le livre de Juliet n’en est pas moins intéressant. Rencontres avec Beckett sans doute moins fréquentes qu’avec le peintre, moins intimes (elles se déroulent souvent dans des cafés ou restaurants), Juliet semble ne pas réussir à extirper de l’écrivain ce qu’il avait réussi à tirer de Van Velde. Le personnage est sans doute trop insaisissable, trop impressionnant, trop rétif à toute intellectualisation de son oeuvre et de sa vie pour rendre ces rendez-vous totalement satisfaisants. Juliet comble donc les vides, décrit beaucoup plus les situations, et pourquoi elles n’ont pas toujours été fructueuses.
L’homme des mots échappe aux mots, contrairement à l’homme de peinture. Cependant, le livre reste très intéressant, beaucoup plus lumineux que le précédent. Beckett semble avoir franchi un pallier supplémentaire par rapport à Van Velde, réussit à dépasser la fracture primordiale (« J’ai toujours eu la sensation qu’il y avait en moi un être assassiné. »), pour faire naître de la noirceur la lumière. Pourtant ses paroles sont sans espoir : il n’y a pas de solution, « rien n’est dicible ». Mais il se dégage de cet homme, de son refus de la logique, de sa quête de vie (« On fait cela pour pouvoir respirer »), une sorte de non-prise au sérieux, de drôlerie ravageuse (quand il décrit sa tentative de pièce d’une minute, terrrrrible), de générosité presque, qui sont salutaires.
Un joli moment. Et de toutes façons, il faut lire Beckett, on ne le clamera jamais assez.
je suis toujours étonné de ces écrivains qui déclarent : » rien n’est dicible » et qui écrivent tant.
C’est vrai que dans les pièces de Beckett, les personnages passent leur temps à parler pour ne rien dire mais c’est une vision datée de cette période si terrible qui a vu les mots prendre le pouvoir pour apporter la mort qui elle n’a pas de sens.
Je trouve Juliet très émouvant dans cette éternelle recherche de lui-même pour les autres même si je trouve aussi cela un peu vain.Bref des hommes de l’après-guerres
Rien – –c’est toujours un bon début. (Stp)