de Jean Echenoz.
La crinière qui fait fantasmer tous les hommes ? Clique.
Pas désagréable ce roman dont la découverte m’a été conseillée de longue date par des lecteurs de la première heure. Pas non plus bouleversant, mais un divertissement taquin.
On comprend aisément ce qui a plu et a fait recette en 1995 : ton enlevé, comparaisons biscornues et rigolotes, digressions farfelues, tout ça au service d’une enquête non policière matinée de fuite aux quatre coins du monde. Confrontation de l’exotisme et du tout petit quotidien, du grand mystère (la fascination pour les grandes blondes, pour les femmes en générale) et du matériel morose (l’ingestion d’un café soluble au petit déjeuner), on trouve de tout dans ce roman qui sautille de l’un à l’autre avec délectation. On sent Jean Echenoz également fasciné par le sujet de son livre et par Hitchcock, dont le roman constitue sans aucun doute un hommage en filigrane (le sujet est tout de même très proche de celui de Vertigo : entre le blonde qui change de couleur, la propension à jeter les gens dans le vide et le vertige paralysant). Mais Echenoz n’a pas la rigueur de son modèle. Pour enlevée qu’elle soit, l’écriture d’Echenoz n’est pourtant pas très consistante, et s’évapore aussi vite qu’elle est lue. Quinze ans après sa publication, Les grandes blondes a clairement pris la poussière et semble gentiment suranné. Ses interpellations répétées du lecteur ne fonctionne plus vraiment, ses métaphores portent mal leur âge.
On passe un gentil moment, en se disant qu’il aurait sans doute fallu boire la bouteille quelques années avant la madérisation.
Je suis un grand blond, et ça n’a rien de fascinant aujourd’hui.