de Michael Connelly.
Avant-dernier roman de Michael Connelly, L’épouvantail confirme le retrour du maître dans la cour des grands. Moins trépidant cependant que 9 Dragons (le roman qui a suivi L’épouvantail), ce roman démontre néanmoins un sursaut dans l’écriture et l’art de l’intrigue Connellienne.
On retrouve le journaliste Jack McEvoy et l’agent du FBI Rachel Walling traquant un tueur en série insaisissable se planquant des les arcanes des mondes virtuels. Là où Connelly la joue finement, c’est qu’on connaît dès le tout premier chapitre qui est le tueur, ce qu’il fait dans la vie. L’auteur préfère donc user du suspense cher à Hitchcock plutôt que de la banal surprise. Ici, il va donc être question de voir comment nos héros se dépatouillent pour débusquer ce tueur surdoué. Et c’est peu dire qu’ils ont du mal, et l’épouvantail joue avec eux de belle manière. Nos deux enquêteurs se trouvent un peu perdus, dépassés par les méthodes du tueur, et par les embûches semées par leurs hiérarchies.
Connelly commençait dans L’épouvantail à esquisser ce qu’on ressentait dans 9 Dragons, l’usure de ses héros, les manipulations qu’ils subissent de toutes parts. Ils ne sont plus des leaders intouchables, mais des pions dans une intrigue qu’ils ont bien du mal à débrouiller. L’épouvantail va moins loin que 9 Dragons dans ce constat, mais on commence tout de même à voir l’évolution de la pensée de Connelly, et c’est très intéressant. Il n’en reste pas moins que le roman vise avant tout l’efficacité, et qu’il est très efficace.
Se refusant comme à son habitude à se perdre dans les labyrinthes psychologiques de ses personnages, L’épouvantail se concentre sur l’essentiel, et c’est ce qu’il fallait. Un polar classique certes, qui ne révolutionnera pas le monde du polar, mais efficace juste comme il faut. Un bon cru.
Une réflexion sur « Chronique livre : L’épouvantail (The scarecrow) »