de J. G. Ballard
Cette nuit-là, je fis un autre rêve démentiel.
Vermilion Sands, « banlieue exotique » de l’esprit de l’auteur, lieu rêvé , à mi-chemin entre station balnéaire et résidence d’artiste. Ici, tout le monde est artiste ou rentier, les matières sont vivantes, qu’elles soient utilisées pour construire des maisons ou se vêtir, les statues et les fleurs chantent, des raies des sables volent dans les airs. Bref tout n’est que luxe, calme, volupté et il n’y a rien d’autre à faire que de s’occuper de soi et de ses états d’âme.
C’est à Vermilion Sands et dans ses banlieues, que se déroulent l’ensemble de nouvelles rassemblées dans ce volume. Vermilion Sands est donc à la fois la matrice et le fil conducteur de ces nouvelles, accompagné de quelques personnages récurrents (Raymond Mayo) mais qui font plus de la figuration que de la participation active. Les délires et vibrations des nouvelles de Ballard infiltrent l’esprit du lecteur, s’insinuent dans ses synapses et laissent une marque indélébile, mouvante, vivante et irisée.
Bien étrange coïncidence que de lire Vermilion Sands après Les Saisons de Maurice Pons puisque les deux ouvrages présentent des univers diamétralement opposés. Vermilion Sands, c’est l’endroit rêvé où tout est possible et où l’Art est roi, à la fois cadre de vie, objectif et moyen. Le village des Saisons lui, ne peut laisser de la place à rien d’autre que la survie et surtout pas à l’artiste. Et pourtant, que ce soit dans les nouvelles au LSD de Ballard ou le roman à l’alcool de lentilles de Pons, le résultat est souvent le même, l’abandon, la solitude, la folie et la mort. Dur dur d’être un artiste.
Trad. Bernard Sigaud et al.
Ed. Souple (Tristram)
Une réflexion sur « Chronique livre : Vermilion Sands »