de Samuel Beckett.
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Il y a toujours un grand plaisir à se plonger dans les romans de Beckett, pour la simple et bonne raison que ça donne l’air intelligent : imaginez, vous êtes dans le train, votre voisin lit l’Equipe, la nana en face dévore Public, et la mamie d’à côté ouvre avec délectation et larme à l’oeil préventive un Marc Levy, et vous, l’air de rien, vous sortez un Beckett du sac à main, avec une feuille couverte de notes en marque-page. Petit bonheur. Bon c’est sûr que quand on attaque certains passages un peu ardus, et quand le voisin ramasse le marque-page tombé par terre, qui n’est en fait qu’une liste de courses, on fait un chouia moins les mariolles, mais bast. Après tout, l’essentiel, c’est de lire Beckett , dont l’intérêt dépasse largement le fugace « je me la pète grave bande d’ignares ».
Watt est donc l’histoire de Watt, petit bonhomme à la caractérisation incertaine, qui, par une manoeuvre assez inexplicable, se retrouve au service d’un Monsieur Knott, patron à l’incertaine caractérisation (Oh, Chevillard, je sais maintenant d’où vient ton Palafox). Le roman est une pure fantaisie absurde, loufoque, parfois hilarante, parfois interloquante, sur la limite des possibles. Le monde de Watt, est peuplé d’hypothèses, dont il tente d’aborder toutes les facettes, pour s’arrêter sur celle qui le satisfait le plus intellectuellement, mais qui n’est en aucun cas pleinement convaincante. Il n’explique jamais rien de ce qui se passe, mais construit un monde fluctuant dans lequel les certitudes n’ont pas lieu d’être. L’aisance de Beckett avec l’écriture nous plonge dans de vertigineux morceaux de bravoure et d’endurance littéraire, combinaisons multiples de mots, perte des repères, descente hypnotique dans la spirale de l’absurde, pour mieux faire éclater l’incapacité de la langue à définir une réalité. Alors parfois, oui, Watt en fait un peu trop, et vire de temps en temps au pur exercice de style, laissant le lecteur un peu loin du rivage. Mais il ne faut surtout pas s’arrêter à ça, et accepter de lâcher prise pour rentrer dans cet univers drolatiquement profond et profondément drolatique.
Alors, qu’est ce qu’on fait maintenant ? mmm ?
Watt est un film et j’étais même pas au courant.
Posté par Gérad Méry, 18 novembre 2008 à 23:15
Tu le dis souvent »loin du rivage », je vais explorer cette représentation, et tenter d’y aller.
Posté par Didier, 19 novembre 2008 à 10:28
WATT
Gérard : un livre, Gérard. Besoin de lunettes ?
Didier : ah lala déjà des tics ? au secours !
Posté par Anne, 20 novembre 2008 à 22:33