Chronique film : Blue Jasmine

de Woody Allen.

bluejasminePeu tentée par une bande-annonce hystérique et mal doublée, la surprise a été d’autant plus grande de découvrir un très bon Woody Allen, sans doute un de ses meilleurs depuis des années. Le réalisateur dresse le portrait de Jasmine, grande bourgeoise new-yorkaise, tombée soudain de son piédestal après l’arrestation de son mari, un escroc de la finance. Sans le sou, Jasmine squatte sa sœur, caissière dans une supérette, et à mille lieues de l’univers de Jasmine. Continuer la lecture de Chronique film : Blue Jasmine

Chronique film : To Rome with love

de Woody Allen.


Pas grand chose à raconter sur ce tout petit Woody. On s’y ennuie cependant beaucoup moins qu’à Minuit à Paris. Ici pas de grande ambition, on suit plusieurs historiettes sous le ciel de Rome, assez bien filmée. La distribution est dans l’ensemble séduisante, et met beaucoup d’énergie à faire passer les dialogues globalement assez ternes.

C’est sans doute cette distribution qui permet au film de gagner un certain coefficient de sympathie. On est notamment très content de retrouver Jesse Eisenberg, découvert dans The social network, et qui s’en sort bien en substitut de Woody jeune, et Penélope Cruz, toujours belle à se damner, nous replonge un temps dans le charmant Vicky Cristina Barcelona.

Alors évidemment, il y a un gag absolument inénarrable, et qui constitue une raison suffisante pour aller voir le film. Il s’agit d’un ténor et d’une douche, mais je ne vous en dirai pas plus. Et puis, tout de même, on devine que Woody Allen se sent vieillir. Volonté de revivre des amours de jeunesse (l’histoire avec Jesse Eisenberg justement), réflexion sur sa carrière, la célébrité, la recherche d’un absolu qu’il n’atteindra jamais, les thèmes brassés par To Rome with love sont nombreux, sans doute trop, et donnent un peu de substance à ce film évidemment très mineur, mais tout de même bien sympathique.

Chronique film : Minuit à Paris

de Woody Allen.

Quoi de neuf sous la caméra du bon vieux Woody ? Clairement rien. Minuit à Paris se déroule devant nos yeux comme un fond visuel, et on se prend de temps en temps à songer aux livres qu’on vient d’acheter alors qu’on était parti pour impérativement s’acheter des pompes.

Prenant à contre-pied les critiques dont il fait l’objet depuis déjà pas mal d’années (Woody, quand même, avant c’était autre chose), il compose un film tout entier tourné sur la nostalgie. Notre héros, Gil, scénariste hollywoodien frustré, rêve des années folles parisiennes. Lors d’un séjour avec son horripilante fiancée et les parents réacs de celle-ci, il lui arrive un truc étrange : à minuit, alors qu’il se balade seul dans Paris, Gil se retrouve comme par enchantement dans… les années 20 ! Une heure plus tard, après une amourette, et quelques rencontres mémorables (Hemingway, Fitzgerald, Picasso…), Gil est bien forcé d’admettre qu’on idéalise toujours ce qu’on n’a pas vécu, mais que finalement, il vaut mieux se concentrer sur le présent. Waouh. Ca décoiffe non ?

En général, Woddy Allen compense son manque d’idée de mise en scène par une bonne dose de vannes. Ici ça n’est même pas le cas. Après un bout de dialogue rigolo (la définition de la démocratie par Gil), il n’y a quasiment plus l’ombre d’une saillie drolatique. Tout semble lissé, comme si le réalisateur n’osait même plus en sortir une bonne. C’est bien dommage, parce qu’à côté de ça, on s’ennuie ferme. A part la reconstitution du Paris des années folles qui est assez bien faite, une musique toujours agréable et un Adrien Brody en Dali vraiment excellent, rien ne fonctionne.

Pas très joli, pas très bien joué, et au final pas très intéressant, Minuit à Paris nous fait presque regretter le pourtant barbant Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Le plaisir d’Allen est évident, mais à l’évidence, il n’arrive plus à nous le transmettre. Pas glop.

Chronique film : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu

de Woody Allen.

Alors là mes amis, on n’est pas dans le compost. Je ne sais absolument pas quoi vous dire sur ce film du grand Woody à part que ce n’est tout de même pas grand chose. Voilà voilà. Le problème, c’est que je me souviens déjà à peine de quoi il s’agit alors que je sors à peine de la séance.

Bon. Je me concentre. Des couples, voilà. Les couples se séparent, fantasment sur des choses qu’ils n’ont pas, ou plus. Ils se lancent dans des projets qui les illusionnent mais qui leur font du bien, du moins temporairement. Et c’est la morale de cette histoire sombre et drôle à la fois. Ca virevolte de partout, le rythme est rapide, plutôt bien réalisé et monté, les répliques souvent savoureuses, plutôt beaucoup mieux que son précédent film il faut avouer. L’interprétation est impeccable, réunissant une brochette de très grands acteurs à faire pâlir n’importe quel metteur en scène. Malheureusement, une immense lassitude m’a attrapée à peine quelques minutes après le début du film. Tout est bien fait, bien huilé, trop en fait. Mais rien ne m’a touché. L’impression de déjà-vu est omniprésente.

Les maladresses de Whatever works et de Scoop étaient attendrissantes, la folie de Vicky Cristina Barcelona vivifiante, la perfection allenienne de Vous allez rencontrer…. ennuyeuse.  Au suivant.

Chronique film : Whatever works

de Woody Allen.


C’est pas beau l’amour ? Cliquasse renégat.

Vu le monde dans la salle, force est de constater que le nouveau Woody était attendu avec avidité. Pas étonnant après le revigorant Vicky Cristina Barcelona. Et la salle, comme moi, a très bien accueilli ce nouvel épisode Allenien.

Obligé de tourner plus tôt qu’il n’en a l’habitude, Woody s’est retrouvé fort démuni, sans scénario nouveau. Il a alors ressorti d’un tiroir un vieux manuscrit, écrit pour un comédien décédé, et resté en l’état depuis. Ça se sent, le film étant une mitraillette à vannes grande époque.

Un vieux physicien cynique et désabusé ayant loupé d’un rien le prix Nobel rencontre une gourde fugueuse et ravissante. Le ton est étonnamment sérieux au départ, le personnage est carrément méchant, n’hésite pas à insulter des enfants et à leur balancer un échiquier dans la gueule. Woody ne devait pas être en forme ce jour là. Mais comme Woody a du mal à rester sérieux, surtout l’âge venant, le film tourne au burlesque de manière très enlevée.

Bon, ok, ce n’est pas un chef d’oeuvre immortel, mais le film est suffisamment drôle pour emporter l’adhésion, et comme dit le titre « Whatever works » qu’on pourrait traduire par « ce qui marche ». Allen a suffisamment de bouteille justement, pour que ça marche sans qu’il se casse trop la tête : la mise en scène est très théâtrale et pas révolutionnaire pour un sou, l’acteur principale n’est pas du tout convaincant, la fin est too much. Mais les dialogues sont tellement drôles, l’actrice (Evan Rachel Wood, qui a bien grandi depuis Profiler, Once and Again et Thirteen) absolument parfaite en gourdasse attendrissante (la nouvelle Scarlett Johansson de Woody ?), qu’on ressort de là avec la banane. Un bon moment.

PS: C’est la millième aujourd’hui… je dis ça en passant hein…