de Laurent Sagalovitsch.
Premier livre lu dans le cadre du Prix du roman de la Fnac 2016, Vera Kaplan fait partie de ces romans très perturbants pour le critique. Bien écrit, concerné, irréprochable, Vera Kaplan laisse peu de prises, d’aspérités auxquelles s’accrocher.
Basé sur une histoire vraie, aussi terrible que fascinante, le roman endosse la parole de Vera Kaplan. La jeune femme est belle, désirée, juive. On est dans les années 40, à Berlin. Pour sauver ses parents de l’enfer des camps, elle collabore avec la Gestapo et traque les Juifs qui ont réussi jusque-là à échapper aux nazis. Le roman commence par la parole du petit-fils de Vera qui découvre, après la mort de sa mère, l’existence et les écrits de sa grand-mère. Laurent Sagalovitsch utilise un procédé d’aller-retours entre le récit du petit-fils et les écrits de sa grand-mère, mise à distance/coeur de la bête.
Tout ça est bien fait, bien écrit, profond, délicat, pudique juste ce qu’il faut. Irréprochable donc. Mais du coup, on s’ennuie un peu. Face à la force du sujet, vertigineuse, on attend le vertige, pas la ouate policée d’une mise à distance trop prononcée. En déléguant la parole entièrement à ses personnages, Laurent Sagalovitsch semble un peu absent de son propre livre. Recommandable certes oui, mais sans ébouriffement.
Ed. Buchet/Chastel
Coll. Qui vive