Chronique livre : Long week-end

de Joyce Maynard.

Chaque histoire qu’on lui racontait (…), elle la prenait pour elle. Comme s’il lui manquait la couche externe de l’épiderme qui permet aux gens d’agir sans saigner au moindre choc. Oui, le monde la dépassait.

Amateurs de très belles histoires, arrêtez-vous là un temps. Si Long week-end de Joyce Maynard ne révolutionne pas la littérature, le roman nous permet cependant de passer un très bon moment, romantique à souhait, et de verser une chtite larme à la fin.

L’auteure se place avec un certain talent dans la peau d’Henry, un ado de treize ans, gentil comme tout, et très protecteur avec Adèle, sa maman divorcée et un peu zinzin. Lors d’une sortie au supermarché, le duo se voit squatter par Frank, prisonnier en cavale. Entre la fragile Adèle et le dangereux mais rassurant Frank, petit à petit, l’amour naît, sous les yeux d’Henry, à la fois soulagé et apeuré. Un amour sur le fil, forcément précaire.

Avec beaucoup de finesse, Joyce Maynard réussit à construire une histoire extrêmement jolie et sensible. Le point de vue adopté, celui de cet adolescent atypique et sans concession vis-à-vis de lui-même, apporte une touche de douceur ironique impeccable. Les personnages sont parfaitement dessinés et crédibles. Bref, un roman, classique et classieux, une belle histoire pleine de coeur (et d’un peu de cul). De quoi passer un agréable moment, et de faire battre mon coeur de midinette.

Ed. 10-18
Trad. Françoise Adelstain 

Chronique livre : Moins que zéro

de Bret Easton Ellis.

Chute libre inéluctable jusqu’à la mort.
Clique.

Avant de me plonger dans Suite(s) Impériale(s), il fallait bien que j’en lise l’origine, c’est à dire le premier roman écrit en 1985 du sieur Ellis. Moins que zéro est un assez formidable premier roman, qui m’a vraiment fait penser à son grand frère, Lunar park. Même personnage déconnecté par la drogue, même tentation du fantastique, même désoeuvrement, même goût pour l’horreur.

Le roman raconte les errances de Clay, étudiant dans le New Hampshire, et qui revient dans sa ville natale, Los Angeles, pour quatre semaines de vacances de Noël. Errant de fêtes en fêtes, Clay a bien du mal à trouver de l’intérêt à quoi que ce soit, recherchant ses seuls moments de soulagement dans la cocaïne. Etudiants pourris de fric, traînant leur lassitude jour et nuit en quête d’une quelconque sensation, complètement déconnectés du monde réel (les jeux vidéos sont déjà omniprésents dans Moins que zéro), ces zombies post-ados sont assez effrayants. Clay a bien du mal à se souvenir ne serait-ce que du prénom de ses soeurs, son psychiatre passe son temps à causer au lieu d’écouter, les parents sont inexistants.

Le processus est à deux doigts de paraître monotone, jusqu’à la moitié du bouquin. L’horreur pure pénètre alors dans cet océan de vide par la projection d’un snuff movie, la prostitution d’un ami toxico, puis la découverte d’un cadavre, et le viol d’une enfant de douze ans. La progression vers l’horreur est inéluctable, tant ces gamins sont anesthésiés par leur mode de vie, les drogues qu’ils ingèrent, l’argent qui coule de leur doigts. Dénonçant une société factice, superficielle, déracinée, Bret Easton Ellis a réussi un excellent et effrayant premier roman, imprimant déjà fortement son style et sa personnalité.

Alors, qu’est devenu Clay ? A suivre impérialement.

Chronique livre : Le dernier homme

de Margaret Atwood.

IMG_5104_450

Parfois la reconversion est étonnante. Clique.

Décidément, la fin du monde est vraiment à la mode, et revient sans doute plus que nécessaire dans mes lectures en ce moment. Après les visions Ballardiennes, Mccarthiennes et Chevillardesques pour les plus réussies, Le dernier homme de Margaret Atwood laisse une sensation mitigée : entre maîtrise en maladresse, érudition et laisser-aller.

Maîtrise d’abord, car il faut reconnaître un talent certain de romancière à Margaret Atwood. Le livre est particulièrement bien construit, oscillant entre deux époques, qui finissent par géographiquement se rejoindre. Atwood réussit à toujours ressusciter l’intérêt de son lecteur à la moindre baisse de régime, à la manière des meilleurs auteurs de romans policiers, mêlant anticipation et histoire d’amour. Cependant, le livre est constellé de mots inventés totalement maladroits. Sans doute est-ce la traduction, mais en tout cas, en l’état, bon nombre d’inventions linguistiques sont assez ridicules. Visiblement, Atwood n’a pas le talent d’une J.K. Rowling pour créer un monde différent du monde réel.

Pourtant dans le conceptuel, le scientifique, le livre convainc plutôt, ne faisant pas trop toc. On sent que la science passionne Atwood, et le difficile parti-pris choisi, un monde futuriste, cependant ancré dans le monde actuel et les évolutions scientifiques actuelles, tient bien la route. Malgré cette rigueur appréciable, on ne peut s’empêcher de déplorer un certa

in académisme. La romancière n’évite pas les clichés de ce type de production. Un bon nombre de scènes classiques de ce genre littéraire sont présentes, sans apporter un regard particulièrement nouveau (traversée de territoires dévastés à la recherche de vivres, confrontation avec des méchants zanimaux, …).

Ce genre de passages obligés commence à dater quelque peu et affaiblissent les particularités de cette auteur intéressante. Un bon bouquin de vacances, vite oublié.

Chronique livre : Lunar Park

de Bret Easton Ellis.

 

Terby existe en vrai… Clique si t’es courageux.

Moi j’aime bien les cadeaux. Surtout quand ce sont des bouquins, et surtout des bouquins aussi bons que celui-ci. Ca commence comme de l’autofiction, ça se termine en grand n’importe quoi qui fout la pétoche. Bret vient de s’installer avec sa femme (une célèbre actrice de cinéma), son fils et sa belle-fille dans une grande maison avec jardin de la banlieue new-yorkaise. La vie suit son cours difficilement : il n’arrive pas à nouer contact avec son fils Robby, le chien ne l’aime pas, il flirte avec une étudiante, des gamins disparaissent, la peluche-perroquet de sa fille le fait flipper, il a replongé dans la coke. Pas sain sain le gars quoi. Et puis petit à petit les choses partent gravement en sucette : la maison commence à peler, il croit voir le meurtrier en série de son dernier roman pour de vrai, le peluche-perroquet de la gamine l’attaque, il reçoit des emails anonymes…

Fascinant la façon dont Ellis réussit à faire dévier les choses sans jamais qu’on réussisse à dépatouiller l’écheveau : rêve t’il ? est-il sous l’emprise de stupéfiants qui le font complètement dérailler ? En tout cas, l’ambiance qu’il crée est totalement flippante, on se bouffe allègrement les doigts en se demandant quand et comment ça va se terminer, on flaire le bain de sang final (à tort). Ellis est sans aucun doute un maître de l’écriture, à la fois tendue comme une corde de folk, crue, ou au contraire très onirique. Bref, un vrai délice Lunar Park, mystérieux et fascinant. Ca donne envie de lire l’intégrale Ellis… n’est ce pas ? mmmm ?

Chronique livre : Un cri étranglé

d’Anne Perry.


Réchauffe-toi en cliquant.

Grosse déception pour ce polar historique tout ce qu’il y a de plus platounet. On m’avait dit grand bien des romans d’Anne Perry, espèces de romans policiers historiques british et passionnants. Il n’en est rien. Un cri étranglé est un whodunnit tout ce qu’il y a de plus classique se situant dans les bas quartiers londoniens. Anne Perry n’est hélas ni Dickens ni Agatha Christie : elle n’a ni le génie de l’écriture, ni le génie de l’intrigue. Certes le roman se lit bien, et on attend avec impatience de connaître le dénouement, mais les indices distillés dans le texte sont tellement énormes, le final tellement tiré par les cheveux et l’écriture tellement plate qu’ Un cri étranglé n’apporte au final que d’avoir passé quelques heures. Ce n’est pas suffisant.