de J. D. Salinger.
L’adolescence est un période sombre qui parfois dure toujours.
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Pas bien compliqué de comprendre pourquoi Salinger est devenu l’auteur mythique qu’il fût grâce à ce court texte. Racontant l’errance d’un adolescent peinant pour entrer dans la vie adulte, L’attrape-coeurs est un petit objet émouvant et drôle malgré le mal-être dont il est question ici.
En créant le personnage d’Holden Caufield, gosse issu d’une famille aisée, viré de son lycée pour insuffisance de résultats, Salinger réussit à saisir quelque chose d’insaisissable dans cet âge difficile d’abandon de l’enfance pour le monde « sérieux » des adultes. Ce gosse n’aime rien à part sa petite soeur ou des morts (son frère, un ami suicidé). Il est incapable d’accepter les choses comme elles sont (il faut avouer qu’il n’a pas tort, les choses ne sont pas belles), ou plutôt il est incapable d’accepter l’imperfection du monde. Pourtant derrière cet apparent dégout universel, il est ému aux larmes par n’importe quelle fille un peu mignonne, ou n’importe quel gosse mal fagoté. Bref, ce gamin est assez inapte aux compromis, se camoufle derrière son attitude détachée et j’avoue ne pas réussir à l’en blâmer vraiment. Salinger bâtit son livre comme une sorte de road-movie new-yorkais, d’errance, de place en place, de personnage en personnage. Holden Caulfield tout en prétendant vouloir s’éloigner du monde, n’a pourtant de cesse de s’y confronter : il appelle tout son carnet d’adresse, va voir les gens, mais à chaque fois,
quelque chose en eux le déglingue, et il part encore plus déprimé. Voilà, Caulfield fait une dépression, celle qui touche en général les gens intelligents quand ils découvrent qu’ils ne seront jamais pleinement dans la vie, nageant dans un monde qui n’est pas fait pour eux. Salinger utilise un langage parlé qui colle parfaitement à son récit, et a probablement dû fortement diviser les lecteurs lors de la sortie du livre.
Bourré de gros mots et d’analyses très personnelles de la vie, de la religion, des gens, l’Attrape-coeurs est un livre qu’on lit la larme à l’oeil et le sourire aux lèvres. Bingo.