Chronique livre : Vacances surprises

de Marc Bernard.

vacancessurprisesIl s’en est fallu de très peu pour que je ne prenne pas la peine de vous parler de ce petit recueil de chroniques, écrites entre 1957 e 1960 par un lauréat du prix Goncourt bien oublié aujourd’hui.

Agréables et légers mais bien désuets ma foi, les courts textes composant Vacances surprises se lisent avec plaisir et sans douleur. Sans passion non plus.

Derrière Else il y avait une longue trainée de morts : sa mère,(…), dont la dernière carte que nous ayons reçue se terminait par ces mots: « …on vient me chercher ».

Et pourtant, vers la fin du livre, s’immisce avec discrétion et pudeur quelques allusions au passé de la femme de l’auteur, d’origine juive, et seule rescapée de sa famille. Ce n’est pas grand chose mais éclaire le recueil et donne à son caractère « enjoué à tout prix » une saveur différente, plus touchante et profonde que ce que l’on aurait pensé au premier abord.

(…) les discours menaçants ne viennent pas jusque-là ; ils sont couverts par les rires, les chants et l’espoir dans un avenir où les peuples, tout fanatisme disparu, vivraient dans l’amitié.

Vacances surprises reste une petite chose. Mais en ces temps troublés, invoquer quelque chose de la tolérance, de l’amitié, du vivre ensemble en bonne intelligence, ce n’est pas trivial. Et ça ne devrait jamais l’être.

Ed. Finitude

Chronique livre : Le Sanglier

 de Pierre Luccin

Daniel, de l’hiver dans la peau, du brûlant sur le cœur, se remettait en route.

lesanglierParfois on musarde en librairie sans idée précise et on tombe sur une petite chose singulière comme ce Sanglier. Se déroulant juste après guerre (la seconde mondiale), Le Sanglier commence par un dialogue au rythme saisissant et au contenu à la fois tragique et surréaliste. On a l’impression d’être chez Hilsenrath. Cette impression de vitesse persiste pendant tout ce très court roman. Pierre Luccin ne s’embarrasse d’aucune fioriture, on plante le décor en une phrase bien sentie, on dégraisse au maximum l’excédent de mots. Continuer la lecture de Chronique livre : Le Sanglier

Chronique livre : La douceur du corset

d’Emmanuelle Pol.

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Trop girly pour moi. Clique quand même.

 

Très jolie collection que je ne connaissais pas (finitude) et qui pourtant ne publie pas que des manchots de la plume. La douceur du corset est avant tout un bel objet livresque qui donne envie d’être dévoré. Comme c’est un cadeau de Noël, offert par une amie très chère, ça ne me fait pas plaisir de le dire, mais au-delà du bel objet, ben pas grand chose. Composé de 6 nouvelles, La douceur du corset tente d’appréhender les relations homme-femme, essentiellement par l’étude du comportement féminin vis à vis des XY. Et ça n’est pas joli joli. Comme elle le dit elle-même à la fin du Cercle des sorcières « Les femmes, quelle horreur! ». Ouais, c’est sûr que vu comme ça, on ne peut qu’être d’accord.

Ce qui est gênant dans ce livre là c’est la charge mise aux femmes : incapables de se trouver elles-même, se définissant en permanence par rapport à l’homme (soit ne se concevant qu’avec un homme, soit justement en opposition – mais c’est juste par frustration)… on n’est dans un manichéisme de premier ordre, une seule vision. On a la sensation que l’auteur règle ses comptes vis à vis des femmes, ou vis à vis d’elle-même, de ses faiblesses, mais sans creuser aucunement. On reste à la surface. On pourrait dire que ça prolonge Sex and the City, en plus noir, mais sans là humour aucun, sans a

ucun second degré. C’est dommage car Emmanuelle Pol possède une plume intéressante, très classique, presque XIXème. Elle se permet par moment des accélérations de rythme surprenantes, belles et assez prenantes.

Mais restant sur la hargne, dans le binaire, sans tomber le masque, on entend pas la pierre tomber au fond du puits. Et le livre, fustigeant le vide féminin n’est finalement peuplé que d’hommes objets. Visiblement toutes les femmes de la terre prennent les hommes pour des objets. Mouais bis. Et si on allait au delà de l’émotionnel et de l’hormonal ? Si on cessait d’être des dindes pour devenir des femmes ?