de Ben Affleck.
« La seule différence entre la réalité et la fiction, c’est que la fiction doit être crédible ».
Mark Twain
Parfois on se plante quand on lit un programme de cinéma, et en sortant de la salle, on se dit que c’était plutôt une bonne idée.
Iran,1979, les activistes islamistes prennent d’assaut l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Les employés de l’ambassade sont pris en otage mais six réussissent à s’échapper et se réfugient chez l’ambassadeur du Canada. Cependant ils restent menacés (et menacent également le sort des canadiens) et doivent rejoindre les Etats-Unis au plus vite. A Washington, les scénarios les plus rocambolesques sont imaginés, les faire passer pour des professeurs en agronomie, les faire fuir à vélo. Mais c’est l’hiver, il neige. Un agent de la CIA, expert en exfiltration, est appelé à la rescousse. Germe alors dans son esprit un scénario totalement rocambolesque (mais véridique) : il va exfiltrer les diplomates en les faisant passer pour un équipe de tournage canadienne repérant des décors iraniens typiques. Mais pour rendre le scénario crédible, il faut mouiller la chemise, monter un faux-vrai projet de film, ce sera Argo, nanar transsidéral orientaliste.
Le film réussit à trouver un équilibre assez bluffant entre la farce (le montage du faux film), et le suspense (l’exfiltration des otages). C’est vraiment bien fait, on a le trouillomètre à zéro jusqu’aux dernières minutes : le montage est au taquet, la mise en scène classique mais ultra-efficace. Tout est fait pour faire d’Argo un divertissement léché, et ça fonctionne parfaitement bien sur ce terrain là. On retiendra notamment l’évasion finale, qui fait hérisser tous les poils et rétracter les orteils de trouille, les montages en parallèle lors de l’élaboration du film entre Hollywood et la situation en Iran et aussi les quelques minutes du début, résumant l’histoire iranienne, mêlant images d’archives et reconstitutions. Ça marche impecc, et surtout, ça ouvre la réflexion sur les rapports entre le cinéma, et l’Histoire, ou du moins ses représentations, qui sont ici mis sur un pied d’égalité. Affleck affirme ainsi et à sa manière, le pouvoir de la fiction, la vraie fiction mais aussi celle qu’on créé à partir du réel, et à laquelle, de toutes façons, on a tous fondamentalement envie de croire. Malin, va !