Chronique film : Là-haut

de Pete Docter et Bob Peterson.


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Les éléments sont contre moi et je ne sais pas si je vais finir par pouvoir aller voir l’Age de Glace 3. A défaut, direction la nouvelle production Pixar, avec une relative confiance : Pete Docter a été le producteur exécutif de WALL-E et Bob Peterson a écrit le scénario du Monde de Nemo. Avec Pixar, on peut s’attendre à tout, du meilleur (WALL-E, Nemo) à l’infâme (Cars…oui je sais, j’en ai vu que 5 minutes, mais ça m’a suffi).

Bon point, Là-Haut est précédé d’un court-métrage hilarant d’une cigogne qui s’en prend plein la gueule, parce qu’elle doit transporter des bébés pas franchement choupinets : c’est idiot, mais c’est très drôle, et ça donne le droit de vivre aux pas beaux, ce qui est louable.

Passons à Là-Haut : j’ai pas marché, j’ai couru, et Disney a réussi à me rouler dans la farine. Ça démarre superbement par 10 minutes sans parole pour raconter 60 ans de le vie d’un couple : leur mariage, leurs rêves, leurs réalisations, leurs routines, leurs désillusions, leur amour absolu, la maladie et la mort de l’épouse. On sait tout de ce couple dans ces 10 minutes, c’est vraiment magnifique. On ne peut qu’applaudir de joie devant cette maîtrise de l’ellipse, de la mise en scène. Tout passe avec une grande finesse, une belle retenue, et pudeur. Un coup de maître. Ça place par conséquent la barre très haut, et, bien que réussi dans l’ensemble, la suite du film a quand même du mal à rivaliser avec ce magistral début, et il y a fort à parier que c’est ce qui restera du film.

Le scénario n’est clairement pas son point fort, il a quand même un peu du mal à se tenir. Les scénaristes ont bien essayé de créer des ponts entre les parties, mais il reste quelque chose d’un peu maladroit et trop fabriqué. Malgré ça, on ne peut que féliciter la prise de risque d’avoir choisi un papy acariâtre et croulant comme héros : on pense inévitablement à Gran Torino, un pépé pas commode, un gamin maladroit, un apprentissage mutuel et une réconciliation finale. Le pépé n’est pas franchement flambant neuf, et la description de la vieillesse, avec sa dégradation physique, son déambulateur, son dentier, est relativement frontale. Elle est même tournée en dérision dans une scène de bataille fort peu échevelée entre deux croulants, assez marrante.

Le film est par ailleurs vraiment drôle, rempli de bestioles crétines, dont des chiens parlants obnubilés par les écureuils, et un oiseau au cri débile. Mais là où le film est vraiment bluffant c’est dans l’émotion qu’il dégage : rien de facile, les scénaristes jouent subtilement sur des sentiments profonds pour mener leur barque : solitude, peur de l’abandon, impression d’avoir raté sa vie, volonté de se faire aimer… Le film brasse des thèmes forts au travers de l’ensemble de ses personnages, des vieux, des gamins, du chien, de l’oiseau, indifféremment. Et on retrouve un peu de la morale de Coraline dans ce film-là, sur la beauté des choses simples, mais aussi la beauté du rêve et de la force de dire non. Très très bien.